Sedan Charleville   Rédigé par JACOTTIN  RODOLPHE   le 29 Janv 2020

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Courir une centenaire est un plaisir agraire

 

Un peu de retard mais une centenaire n’a que faire du temps car celui-ci glisse sur elle comme la petite goutte de rosée un matin de printemps sur la feuille du fraisier sauvage. Voilà çà c’est fait, c’était la ligne sentimentale, poétique et amoureuse de ce petit récit car après c’est bien plus basique et bien moins romancé car comment veux tu être romantique quand tu vas te « fader » une course avec Big Moustache. Il faut d’abord l’approcher puis le humer pour connaitre son humeur du jour et à 5h00 du mat sur le parking devant chez moi, je suis tremblant comme la vierge devant le charpentier.

Heureusement il est bien luné et le voyage nous permet de refaire le monde et discourir à foison car les cancans du moment égayent et égayeront toujours nos voyages communs avec un gout particulier pour la caste des « yakafokons » une espèce très présente encore aujourd’hui et qui rode parmi nous mais même pas peur. Ah oui c’est Sedan Charleville que nous allons courir, une course qui fête sa 100em édition.

La classique des classiques Ardennaise, un 23,6 kms rugueux de ville à ville. Arrivée sur place on file direct en car à Sedan, le temps est grisâtre mais pas très froid, pour le gars du coin, il fait beau et bon. En plus Sedan comme aurait pu le dire Simon Jérémi, c’est joli et quand c’est joli je vomis. On se cherche un rade ouvert car l’Ardennais aime la bière et nous aussi et puis faut satisfaire le poilu car sans son houblon du matin ce coureur peut être dangereux, plus de 15 ans que je le connais le bougre donc je maitrise (malgré ma peur) un peu son langage châtié et ses tenues sportives toujours à la pointe de la modernité. On charge les sacs dans des cars là c’est plus que baroque car pour entasser on entasse, on croise Chantal, on la bise et on se glisse dans le sas presque tout devant c’est joyeux comme à Maroilles voir plus. Il commence à crachoter, l’Ardennais stoïque ne fond pas et ne fuit pas comme les petits coureurs semainiers ou endimanchés qui des la première goutte de pluie s’émeuvent de cette dernière et s’ingénue au forfait de bon aloi forfait bizarrement répété les soirs de châtiment vmaien (bah oui je m’autorise à l’outrecuidance de l’invention d’un mot). De mon coté je subtilise une belle veste posée négligemment sur la barrière de sécurité car je pelle du jonc comme Jacquouille

.Mon partenaire à la pilosité portugaise ne bouge pas d’un cil et s’amuse de ma frilosité. Coup de feu ou coup de trompette c’est sur que ce n’est pas la musique de départ du cirque Chamoniard ou Templière pas de Era ou Vangelis. Ici c’est juste la fête et pas la fête de l’ego. Nous avons décidé de partir sur un rythme de boiteux car pour moi c’est deux ménisques en vrac l’un fendu verticalement et horizontalement l’autre avec un bout qui se ballade pour Village People c’est une envie de courir comme quand tu pisses avec la bleno. Nous décidons donc le 10,5 km/h sachant que ce n’est pas plat et bien que nenni ou queue henni comme dit le mulet en rut, ça passe ……euh juste 5 kms après le ménisque commence à me dire, « coco arrête tes conneries stop là et devient Vététiste ou nageur » mais entêté comme un gérontophile devant Brigitte, je préfère continuer d’autant que Moustache lui aussi sue de la peau et montre comme moi des signes de faiblesse. Mais le mur, la cote des Gardes Ardennaise se profile à petit pas, on pleure nos mères car la haut il neigera surement ou gèlera à pierre fendre. La route s’élève un peu, un peu un peu et toujours un peu et puis on redescend, je questionne mon bougre poilu devenu hirsute par l’effort, je questionne mes potes de galère et d’un mot commun, j’apprends que nous venons d’avaler le monstre……. Euh ce kilomètre de faux plat c’était çà le monstre !!!!! Oh les gars arrêter la bière, heureusement l’ambiance est toujours là avec du monde du monde et du monde .On continue à courir, mon genoux continue de gonfler alors je débranche le cerveau. Charleville se profile déjà et c’est le tour de France coté spectateurs, cela drache vraiment, il pleut droit et dru et les gens sont DANS LA RUE à t’encourager ,va comprendre. Nous avons juste hâte de terminer la course mais mine de rien, elle est passée bien vite cette centenaire, faut dire que j’étais bien accompagné encore une fois

.Passé la ligne c’est 100m de verres de bières, oui oui 100 mètres de bières gratos ca réchauffe le gosier car il fait bien froid et nous sommes trempés des pieds à la tète. Nous nous changerons bien vite pour reprendre fissa la route mais qu’elle fut belle encore cette course certes mon genoux a triplé et la semaine suivante ce sera ponction et presque une interdiction définitive de la course à pied mais c’est ainsi. Encore un moment de partage de passion partagée, juste un moment qui fige le temps car le temps lui il file. Alors mon petit poilu, mon petit moustachu au cœur de chocolat merci de m’avoir accompagné de m’avoir laissé éructer sur mes vicissitudes Bazainvilloises mais que veux tu vieillir ne décalotte pas que les glands et comme le dit si bien « Valérie Lemercier « Il m'arrive de me promener chez moi en maillot de bain avec mes mules Charvet ou mes Gucci à fleurs, et j'ai l'impression d'être à la mer.’’