Madeleine 3 Temps perdu 0   Rédigé par JACOTTIN  RODOLPHE   le 25 Juin 2019

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Madeleines 3, Temps perdu 0

 

Chez l’éléphant c’est 28 jours alors que le campagnol lui nous propose 21 jours et bien moi ce sera 3 jours de gestation pour ce C.R. Que vous dire de plus que mon sourire radieux après cette Transbaie ou le temps c’est écoulé comme dans les montres molles chez Dali, jamais dans une course je n’avais ressenti cette dilution du temps car tout était plaisir tout était fluide tout était jeu. Bien sur cela reste de la course à pied et aucune philosophie à deux balles dans mes mots ,juste essayer de vous amener sur le champ des belles Dames (metoo pas taper….merci ) qui construisent ou ont construit le paysage des courses en France ,vous amener ou la convivialité fait office de vin de messe et ou le corps de christ ne se résume pas à la veste de finisher mais juste au bonheur de l’instant et du partage. Des courses ou le passage de la ligne d’arrivée est juste(Pignon) le moment ou te dis « purée quelle buse d’avoir attendu ……si longtemps ».

Et bien dans le cas Transbaie c’est 30 ans ,30 ans que cette course en Baie de Somme ravi des milliers de coureurs ,30 ans ou la convivialité et la beauté du parcours sont maitres mots. Me voilà donc serré comme un anchois à 1h00 du départ ,les conversations filent bon train ,l’ambiance est équivalente à Maroilles ce coup là je suis seul car Village People ne m’accompagne pas ni aucun ASbien pourtant j’avais proposé indécemment à tous de se joindre à moi mais mon aura a bien pali depuis fort longtemps et c’est dur pour moi de constater cette réalité et comme Jean Jacques , c’est moi à présent qui marche (ou cours) seul.Beaucoup de tristesse donc en moi d’être si isolé en cette foule immonde. Le stater nous libère à l’heure pour 3 kms dans St Valery et je pleure toutes les larmes de mon corps car c’est trop injuste cette solitude du coureur de fond mais Alan me regarde de là haut et Sillitoeenmoi.

Arrive la Baie Somme immense avec ces premières vasières, je vois au loin le Crotoy ou nous ferons demi tour car cette course c’est un aller retour entre St Valery et le Crotoy en cheminant de ci de là par du sable mou, du sable dur, de la boue, de l’eau, du bonheur donc. Mes coreligionnaires sont joyeux on avance quand même, de mon coté au vu de ce qui va m’attendre dans les Dolomites le 28 juin, je tempère mes ardeurs et vérifie l’huile de mon ménisque qui m’indique un niveau moyen mais pas de mayo donc la culasse tient encore on verra après 25heures en montagne si je raisonne pareil. Le Crotoy se profile au loin et déjà la tête de course est sur le retour, purée ces mecs marchant sur l’eau, mon athéisme agnostique vient donc de se fissurer, amen

. Nous sortons de la baie pour un petit tour dans le Crotoy au demeurant très sympa un petit ravito bien cool puis au détour d’une rue une brassée de serveurs tendent vers nous des verres bien frais de Jupiler.L’anachorète ermite que j’etais qui n’ayant pas vu l’alcool depuis fort longtemps (cela ce compte en années lumières) craque et s’enfile cette douce houblonnée en se remémorant les mots de Philippe Delerm:

 

 « la première gorgée ! Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur les lèvres déjà cet or mousseux, fraîcheur amplifiée par l’écume, puis lentement sur le palais bonheur tamisé d’amertume.

 

Comme elle semble« longue, la première gorgée ». Le retour se fait dans le même esprit que l’aller certes le peloton est étalé mais l’arrivée est déjà là et je joue avec un petit couple de triathlète qui se croit sur une épreuve de la coupe du monde. Là je me dis quelquefois le meurtre peut rendre service à la société. Ah oui l’organisation sympa t’offre à 500 metres de l’arrivée une vasière ou tu t’enfonces à presque mi cuisse histoire de garder un souvenir. Je finis donc noir, je pue et j’ai couru (un peu) en 1h34 .Je file à la douche qui est un réservoir d’agriculteurs avec sa rampe à glyphosate mais tout le monde est dessous par solidarité ouvrière je m’y glisse et par concupiscence pour ma voiture me lave.

Reste donc en moi tout ce que je viens d’écrire et tout ce que je n’ai pas dit, les paysages, les prés salés, l’ambiance, le soleil, la beauté de St Valery le flan pâtissier, le lever du soleil, les 440 kms aller retours seuls et donc pensant en gros la vie quoi.

Si vous êtes arrivez là c’est que vous m’aimez donc ne louper pas en octobre les 100 ans de la course mythique « Sedan Charleville » j’y serai ….

 

Roro