Marathon des Sables 2012   Rédigé par MEDICI  CYRIL   le 11 Mai 2012

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 MARATHON DES SABLES 2012

 

 

Cela fait 15 jours que je suis rentré et je me décide enfin à essayer de vous relater ce fameux Marathon des sables.

Tout d’abord qu’est ce que c’est le marathon des sables ?

 

Pour une fois, on pourra répondre à tous ces « ignares » qui nous demande après que nous ayons couru un Marathon : « combien de kilomètres il faisait ton marathon que t’as fait ce WE ? », qu’il ne faisait pas 42 kilomètres et 195 mètres !!!!

J’en rêvé de pouvoir répondre une fois cela dans ma vie.

Et oui, ce marathon ne fait pas 42.195km, mais oscille entre 240 et 250 kilomètres selon les années.

Bien entendu, il ne se coure pas en une journée mais se déroule sur une semaine découpé en 6 étapes de 15 à 82 kilomètres pour cette édition 2012.

Qu’est-ce que je sui venu faire ici ??  Et oui certains de mes amis coureurs pourront me rappeler ce que je disais : « jamais je ne ferai le marathon des sables, c’est trop cher et le sables ce n’est pas ma tasse de thé et en plus ne pas se laver durant une semaine, j’ai les bur… trop fragiles et un manque d’hygiène me serait fatal »

Alors qu’est-ce que je fous sur cette ligne de départ ce dimanche 08 Avril en plein désert à écouter Patrick Bauer nous affirmer que nous sommes fantastiques ?

Revenons quasiment un an en arrière (vous lisez bien les CR de Laurent Prin qui nous fait 20 pages pour 42 kilomètres alors pour 250 kilomètres je peux bien écrire un livre !!!)

 

Isabelle, mon épouse décide pour ses 40 ans que nous partions en famille faire un trekking dans le désert marocain. Dans un premier temps pas entièrement enchanté par ce choix, non pas pour moi, mais redoutant que nos enfants n’apprécient pas trop, nous vivons en fait une véritable semaine sur un nuage.

Le désert marocain est magnifique et vivre comme des nomades berbères durant une semaine est une véritable révélation : nous partageons en famille une de mes plus belles semaines de congés qui m’a été donné depuis de vivre : je pense même qu’à ce jour cela reste mes plus belles vacances en famille.

Durant ce trekking, je remarque des peintures au sol et le guide m’informe qu’il s’agit du Marathon des sables passé par là la semaine d’avant.

 

Ironie du sort, à mon retour au travail, un mail de notre siège m’informe qu’une équipe se monte et que ma société la sponsorise entièrement pour le Marathon des sables 2012.

De par mon profil de coureur d’ultra j’ai été identifié comme  potentiel participant de cette équipe.

 

Mon sang ne fait qu’un tour et après en avoir parlé à Isabelle je propose ma candidature.

 

J’ai la joie d’apprendre que celle-ci est retenue. Inquiet sur l’organisation je décide de prendre en charge les procédures administratives et m’occupe d’inscrire la totalité de l’équipe IBA avec bien entendu le sponsoring de ma société.

Bien m’en  a pris car avec la vente de ma société à des américains aurait mis à mal notre sponsoring sinon.

 

Courant 2011, je m’aligne sur quelques ultras et afin de renforcer ma résistance je décide d’aligner les 100 bornes de Millau et l’Ultra-templier à 4 semaines d’intervalles.  Toutes ces courses se passent merveilleusement bien malgré une certaine fatigue ressentie sur le fin de l’utra-templier de 120 kilomètres (et non 106 comme annoncé, n’en déplaise à Daniel).

 

Après un hiver un peu plus calme, je décide de commencer ma préparation au MDS dès Janvier 2012.

 

Je monte progressivement la charge passant de 6 à 7, puis 8 et pour finir 9 entrainements pas semaine. J’imagine que se donner les moyens de terminer le Marathon des sables passe par là.

 

J’essai également de placer quelques WE chocs, pas assez à mon goût par manque de temps.

Néanmoins, je tente le pari de baser tous mes entrainements sur uniquement ma coures à pieds et donc je n’alterne avec aucun autre sport (l’hiver y est certainement pour quelque chose dans ce choix là). Le risque de blessure est grand mais c’est avec une énorme surprise que la totalité de mon programme passe et je me vois courir jusqu’à 120 kilomètres sur une semaine sans connaître de fatigue ni de blessure.

 

Préparant des collègues ainsi qu’Isa au marathon de Rome qui représentera pour moi ma dernière sortie longue, 3 semaines avec le MDS, je m’astreins également à des séances assez poussées de VMA pour conserver une certaine vitesse et ne pas trop me diéseliser.

Ainsi j’arrive à réaliser un très honorable 1H27 au semi de Rambouillet début mars

Une semaine après, nous passons 4 jours à Rome ou Isa courra son premier Marathon en 4H30, très belle perf au vu de son entrainement minimaliste.

 

 

Pour ma part je cours ce marathon avec le sac qui m’accompagnera sur le Marathon des sables.  Certains coureurs m’interpelle en me demandant ce que je fais avec un tel sac, d’autres se doutent que je suis un utra-traileur et pour finir je croiserai  un Espagnol qui lui aussi fait à Rome sa dernière sortie longue avec le MDS.

 

Il n’est pas beau le Gazier ??

 

 

A mon retour en France, il me reste 3 semaines afin de peaufiner ma préparation.

 

Plus les jours avancent et plus la pression monte.

Car faire le Marathon des sables c’est aussi préparer la logistique. En effet, durant la course, hormis l’eau qui nous est fourni, nous devons porter la totalité de notre matériel et de notre nourriture.

C’est donc avec un sac allant de 7.5kg pour les champions à près de 15 kg pour les Anglais (qu’ils sont cons ces Anglais, excuse moi Wendy !!  Non je rigole ils représentent la nation la plus représenté devant les Français et vouent à cette course une véritable vénération).

Il nous faut donc emporter au minimum 14000 calories mais très souvent les rations dépassent les 20000 calories.

 

Mon sac avoisinera les 20000 calories et c’est le samedi précédent mon départ que je passe mon AM à préparer les petits sachets de lyophilisés afin d’optimiser le poids ainsi que le volume du sac.

Malgré tous mes efforts mon sac dépasse les 10kg sans l’eau et le kit de survie donné par l’organisation et c’est donc avec plus de 12kg que je courrai ma première étape.

 

 

Afin de me tester avec le sac, c’est accompagné de Mylène, Patrick, Fabrice et Mylène que j’irai aux Brûlins courir une heure et demi.  J’ai bien du mal à suivre mes amis qui pourtant dépassent à peine les 10km/h et cette sortie me fait mesurer l’effort supplémentaire.

 

C’est pleins de doute et avec une méchante douleur au dos que je rentre chez moi.  N’ai-je pas négligé les entrainements avec le sac.  En effet, j’ai couru plusieurs dois avec le sac à dos, mais jamais chargé de 10kg.

 

La dernière semaine donc se passe avec le stress augmentant et avec cette satanée douleur dans le dos. J’essai d’appeler mon ostéopathe 2 jours avant de partir mais, il est en vacances et je n’ai pas le courage d’en tester un autre. Tant pis la douleur finira bien pas partir.

 

Le vendredi 06 Avril nous finissons donc par partir et l’organisation à peine arriver à Ouarzazate nous amène directement sur le campement de départ afin de débuter au plus vite notre acclimatation à notre vie spartiate.

Je retrouve dans l’avion Sylvain Bazin qui vient sur le MDS préparer son Terre aventure world tour (il va courir en autonomie les plus grand chemins du monde comme celui de St Jacques de Compostelle, la traversée du Népal…)

Je croise également Laurence Klein tenante du titre sur le MDS 2011, championne d’Europe du 100 kilomètre et qui s’avérera être d’une simplicité fantastique.  Le peloton des champions comprend également Christophe Le Saux ou David Pasquio meilleur Européen sur le MDS 2011.

Donc dès le vendredi nous prenons nos quartier dans la tentes 24 qui sera notre palace durant 8 nuits et c’est accompagné de Jean-François, François  mes deux collègues et je rejoins Guillaume, Jean (les deux beaux-frères dit les vieux n’ayant pourtant que quelques années de plus que moi mais étant sur leur deuxième MDS et donc désignés comme les vieux de la tente), Laurent et Christophe (deux champions au grands cœurs qui ne jouent pas le classement hein Laurent ??) et Aziz du Flep (et oui j’ai retrouvé un yvelinois avec qui je me tire la bourre les dimanche matin sur le challenge des Yvelines)

Voici les 8 comparses :

 

J’avais bien dit au bénévole de retirer son doigt !!!

 

En tout cas c’est le temps de l’insouciance où nous ne mangeons pas de Lyophilisé car nos repas sont assurés par l’organisation.  Vous remarquerez ne nous sommes tout beau !!!

 

La journée du samedi se passe langoureusement entre contrôle du sac, sieste et ballades dans les dunes nous entourant.

Je vous présente également mon équipe où s’ajoute Kirk notre américain type GI (il est Pharmacien lol) et Pablo notre dandi globe trotter Espano-Belgo-Franco- Américain.

 

Dernière soirée et dernière nuit et nous voilà enfin jour du départ harnachés de nos sacs.

Aziz aura le sac le plus lourd avec près de 14kg, j’arriverai deuxième avec 12kg : aie aie aie cela m’inquiète et je me débarrasse de ma serviette éponge afin d’essayer en vain de diminuer ce poids.

 

C’est donc anxieux, mais heureux que nous rejoignions la ligne de départ afin de prendre le départ de ce 27ème Marathon des sables.

 

Mes pensées à ce moment vagabondent loin d’ici et traverse la Méditerranée et c’est vers ma femme et mes enfants qu’elles se portent. En mon for intérieur je les remercie de m’avoir permis de connaître cette joie d’être sur cette ligne de départ. Je leur envoi un SMS, les larmes coulent sur mes joues, une boule au ventre se fait sentir.

 

10,9,8,  Patrick Bauer égrène les secondes qui nous séparent de la libération tant attendue, 7,6,5 ça y est j’y suis, un an que j’attend ce moment, 4,3,2,  3 mois que je coure matin, midi, soir afin d’être le mieux préparé bien que je ne sais pas ce qui m’attend, 1, 0 bang le départ est donné et les 850 coureurs de mettent en branle afin de réaliser les premier mètres de ces 250 bornes qui nous attendent.

 

Mon sac est lourds, bringuebale de tous les côtés, je cours à 10km/h et pourtant me fait doubler de toute part.  Sont-ils tarés ou est-ce la joie d’être enfin dans, ce désert sud-marocain ?

 

Mes deux comparses Christophe et Laurent ne tardent pas à me lâcher.  Ils se retournent, je leur fait un signe de partir : je n’aime pas calquer mon allure sur d’autre et surtout c’est le meilleur moyen de se mettre dans le rouge. Mon expérience de l’ultra m’a appris à ne surtout pas suivre d’autres et écouter son corps.  Il envoie des signes qui ne trompent pas et ainsi on évite de nombreux écueils.

C’est donc seul que je poursuis cette première étape de 34 kilomètres, une mise en bouche comme nous dit l’organisation.

Il fait déjà très chaud à 8H30 et ce départ effréné ne me rassure pas. Samir un marocain expatrié à New-York calque  son allure sur moi et c’est ensemble que nous parcourons les 10 premiers kilomètres de cette étape.

 

Après le premier ravitaillement je poursuis seul et les premières dunes se présentent. Toute course devient impossible et je me résigne déjà à marcher. Ceux qui connaissent ma façon de courir et marcher comprendront que je ne suis pas très efficace sur du mou et beaucoup de coureurs me doubleront sur ces parties meubles.

De toute façon je trouve qu’ils vont tous trop vite et que la route est encore bien longue avant d’arriver à Merzouga point final de notre périple.

Cette première étape qui, d’après les « vieux » est d’habitude assez roulante, se révèle en fait relativement cassante et dunes et Djebel ajouté à une chaleur écrasante commence dès la première étape son travail de sape.

 

A 10 kilomètres de l’arrivée un Djebel (relief plus ou moins prononcé) d’un autre monde se présente, il est midi, la chaleur est écrasante. Je marche dans ce sol meuble, je me demande à ce moment comment je vais faire pour enchainer 6 étapes car je me sens vidé de toute force.

Enfin le sommet arrive et un bénévole m’indique qu’il ne reste que 3.5kilomètres (qui s’avéreront être 6 kilomètres grrrrrrrr) et me dit également que mon sac est très mal équilibré et qu’il me faut le refaire avant l’étape du lendemain sous peine de voir des douleurs inutiles me taillader le dos.

 

Enfin  je vois la fameuse théière annonciatrice de l’arrivée mais le désert à cette particularité d’être parfois très plat et cette impression d’être tout près se transforme en fait en plus de 4 kilomètres que je mets plus d’une demi-heure à parcourir.

 

Je passe la ligne d’arrivée après 4H51 vidé, rompu, brisé dans mon corps par ces 34 kilomètres sous une chaleur accablante ;

Je récupère mes 4.5 l d’eau qui seront ma ration jusqu’au lendemain matin, je rejoins ma tente 24 où se trouve déjà Laurent et Christophe.  Je retire enfin mon sac à dos, m’allonge sur le sol, croise le regard de mes 2 comparses. Nos expressions en disent long, comment allons-nous repartir le lendemain au vu de l’état qu’on affiche ?

N’ai-je pas été trop présomptueux à m’aligner sur cette course de tarés ?  Courir un ultra dans nos régions tempérées ok, nous n’avons  pas à repartir le lendemain, mais aligner un marathon par jour durant 6 jours avec un double marathon lors de la 4ème étape, je suis fou.

 

Mes amis me rassurent un peu : attend Cyril d’ici une demi-heure cela ira mieux tu vas voir.

Mouia, j’attends de voir.

Les autres coureurs de la tente 24 arrivent peu à peu.  Au bout de 6H seul Aziz manque à l’appel.

François la doublé au dernier ravitaillement où il l’a laissé dans un sale état, vomissant tout.

La nature se rappel à nous à la moindre erreur dans ces contrées, une mauvaise hydratation et c’est la déshydratation assurée.

Il finira par nous rejoindre tard dans la soirée, vidé de toute force, ayant évité la perfusion de justesse (une perf c’est 2H de pénalité et à la deuxième perf, l’organisation te mets hors course).

 

Dans l’Après-midi j’irai voir le classement, je suis 220ème.

 

Après avoir réussi à manger c’est tard, vers……………20H que nous nous couchons  les 8, brisés physiquement et mentalement, pleins de doutes, afin de prendre un sommeil qui ne met longtemps à nous saisir.

 

Elle n’est pas bonne notre tambouille ??

Malheureusement, le sol Marocain et dur, et le sommeil est entrecoupé de réveil afin de se tourner dans le duvet et en plus ça caille dans le désert la nuit !!!!

 

Miracle de nos corps bien préparés, c’est en pleine forme que je me lève à 5H30 le lendemain.

 

D’autres on un beau bordel dans la tente, pas vrai Jef ??         

 

Nous faisons notre petit déjeuner, nous nous préparons et c’est déjà un peu plus confiant que nous rejoignons la ligne de départ pour cette deuxième étape de 38 kilomètres.

L’organisation nous annonce le doublement de la ration d’eau à l’un des CP.  Aie cela veut dire qu’il va faire chaud.

 

Heureusement les pastilles de sel nous aident à lutter contre la déshydratation et les bénévoles à chaque CP nous rappel très judicieusement de les prendre.

 

Je profite là pour remercier tous ces bénévoles, instituteurs, profs, infirmiers, médecins qui à plus de 400 (1 bénévoles pour 2 coureurs !!!) nous permettent de vivre notre rêve.

Ils auront été, tout au long de cette aventure d’une gentillesse à toute épreuve et toujours souriant.

 

Merci.

 

La deuxième étape est lancée et très rapidement la chaleur est accablante.  Nous monterons à 52°C sur cette étape et la déshydratation nous guette.

 

Je découpe l’étape non pas en point  (Cf. Røros) mais en CP. Pour chaque portion l’objectif est d’arriver au CP suivant et ainsi de suite l’arrivée se rapproche.

Un peu après la mi-course je reconnais la tignasse de sylvain Bazin ; Que fait-il là. Je reviens jusqu’à sa hauteur et je comprends très vite qu’il est en train de vivre de difficiles moments. Je discute un peu avec lui, essaye de lui remonter le moral, lui donne une Spartéine et lui conseil d’essayer de boire.

Je reprends ma progression en laissant Sylvain à son triste sort. J’apprendrai dans la soirée qu’il a du se faire perfuser et donc écope de 2H de pénalité. Comme quoi avec cette chaleur, personne n’est à l’abri.

Je terminerai cette deuxième étape en 5H19 à une moyenne de 7.2km/h (contre 7km/h la veille).

 

Je termine cette étape 161ème et surtout remonte à la 177ème place.

Je me disais bien qu’ils étaient partis trop vite la veille !!!

 

Laurent et Christophe ont continué leur numéro devant et pointe désormais dans les 75 premiers de la course : chapeau  bas les gars, mais je suis bête vous ne faites pas le classement,  Lola.

 

Jef mon collègue m’aura devancé de 22 minutes sur cette étape et sera au deuxième soir 16 minutes devant moi : ne jouerait-il pas le classement IBA le bougre ??

 

François quant à lui contraint suite à une tendinite, de faire tout en marchant continue son chemin de croix et l’état de ses pieds empire de jours en jours.

Pour ma part, mes pieds sont pas mal, jugez par vous-même :

 

 

 

A part 2, 3 ampoules que je soigne moi-même, ils n’ont rien.  Il faut dire que les guêtres sont vraiment efficaces et que le sable ne pénètre pas dans les chaussures.

 

Kirk, l’américain volant continue sa course malgré son profil pas tout à fait dans les standards d’ultra-runneur et Pablo souffrent également énormément des pieds.

 

Aziz connaitra également une deuxième étape assez difficile, il s’est très peu alimenter depuis le départ et sous la tente nous sommes inquiets pour lui.

Les deux bofs, fort le leur première expérience continuent tranquillement leur bonhomme de chemin et leurs bonnes humeurs dans la tente est un vrai régal.

 

Il faut dire que cette 24 est un véritable enchantement. La bonne ambiance sera toujours présente tout au long des 8 jours passés ensemble et est-ce la proximité, la souffrance, la dureté de la course mais je ressens durant cette semaine comme vivant avec une véritable famille.

Chacun est soucieux de l’autre et tous nous restons à l’écoute de chacun.

 

C’est ensemble que nous souffrons à voir Aziz ces deux premiers jours mal en point, n’arrivant pas à s’alimenter. S’il arrête, c’est une partie de nous qui arrête. Le ressent-il ?  Je crois car petit à petit ses forces reviennent.

 

 

 

Le miracle opère à nouveau et au troisième matin aucune douleur ne m’accompagne.

 

Ah au fait je ne nous vais pas parler des sacs à caca ???

L’organisation, afin d’éviter la dissémination de détritus tout autour du camp (1200 personnes ça fait du volume !!!) à planter tout au long du camp des WC naturel et pourvus de sacs biodégradables nous effectuons nos besoins dans ces sacs qui sont récoltés ensuite afin d’être ensevelies.

Très bonne initiative qui permet de laisser le désert propre.  Voyez par vous-même ces palaces :

 

 

 

 

 

La troisième étape sera pour moi la plus aboutie. Les 35 kilomètres passent très bien et j’ai l’impression que je commence à apprivoiser les éléments.

 

Je terminerai en 4H35 soit 7.4km/h de moyenne et surtout reprendrai à nouveau quelques places au général en pointant à la 171ème place.

 

L’arrivée sur le camp est un peu moins joyeuse et une véritable tempête mettra à mal nos tentes.

Le sable s’insinue partout et rend très difficile le repos, la préparation des repas et le sommeil.

 

 

 

Nous finirons tout de même par nous détendre et surtout que la grande étape de ce MDS se profile pour le lendemain avec ses 82 kilomètres dont plus de 25 kms de dunes.

 

C’est dès 19H15 que nous nous couchons sans nos messages mails car les bénévoles ont renoncé à faire le tour du camp au vu de la violence du vent emportant le sables partout.

5H30, mercredi 11 Avril le camp s’ébroue.

Les têtes sont anxieuses, les traits tirés, tous nous redoutons ce qui est le point d’orgue de cette course.

Mon collègue Jef n’est pas bien, pris de diarrhées, il ira jusqu’à vomir son petit déjeuner. Ce n’est pas de bon augure avant l’étape qui nous attend.

 

 

Pour ma part je me sens bien et place dans cette grande étape tous mes espoirs. Je retrouve un type de course que je connais mieux où le temps et les kilomètres font leur œuvre.

 

Est-ce pour cela que je fais un départ rapide mais sur les premiers kilomètres je me retrouve au niveau de Laurent et Christophe naviguant dans les 50 premiers (soit dans les 100 premier car les 50 premiers du classement ne partent que 3H après nous sur cette grande étape, ce qui nous permettra de voir ces champions et championnes nous doubler.

 

La première moitié de cette étape se passe merveilleusement bien, la montée d’un sévère djebel me rappel que à force de faire des courses de montagnes j’ai les pieds assez montagnard ;

Je double pas mal de monde sur cette montée et dans la descente je distance même mes deux compères Laurent et Christophe.

Ils me repasseront un peu avant la mi-course que je passe en 6H00. Si tout se passe bien je peux espérer 12H30 sur cette longue étape.

 

Seulement c’était sans compter sur la spécificité de cette étape ;  80% des dunes surviennent sur la deuxième partie et à partir de la mi-course commence mon calvaire.

J’ai présumé de mes forces et vois ma moyenne horaire dégringoler.  De 8km/h sur les 40 premiers kilomètres, ma vitesse avoisinera les 5km/h dans les dunes.

 

Juste après la mi-course commenceront à me rattraper les premiers. Ils m’ont mit 3H sur 6H de course, la comparaison fait mal.

Je suis vite remis à ma place mais c’est avec joie que je féliciterai Christophe Le Saux, 4ème de cette étape et surtout premier Européen.  Il m’encouragera également, ce qui réconfortera.

 

Après le CP3 se présente 10 kilomètres de dunes sans interruption (c’est d’ailleurs dans ces dunes que me doublera Marco Olmo qui a 63ans démontre qu’il est encore vert en terminant dans les 15 premiers ce MDS). 11/04/12 - Etape n°4

 

Les dunes sont terribles, heureusement que le soleil commence à descendre, mais bon il faut absolument que j’emporte au loin mon esprit car sinon je vais caler.

J’avais déjà testé cette méthode lors d’ultras précédents. Lorsque la course devient trop dure, que mon corps demande d’arrêter, je me projette ailleurs, laisse vagabonder mon esprit afin qu’il se détache de la souffrance que j’endure et cela me permet d’avancer.

Où-vais-je envoyer mon esprit ce coup-ci ?

Ces dunes ressemblent à une plage : bien sur je suis en vacances avec Isa, Mathieu, Julien et Alexis.

Et me voilà à plus de 3000kms d’ici à me promener avec eux ; Tiens Alexis regarde derrière celle-ci on pourra voir la mer, regarde Julien je suis sur que nous allons trouver des crabes derrière celle-là, je prends Isa par la main et admire la beauté du paysage.

Plus la souffrance est grande et plus il me manque mes petits bouts de chou, j’ai envie de serrer ma femme dans mes bras, de me lover sous son épaule afin que tout cela s’arrête.

Je suis bien et les deux heures dans les dunes passent et j’aperçois déjà la petite montée annonciatrice du CP4.

 

Il me reste 21 kilomètres, je suis à 10h de course.  Je me mets à espérer une étape bouclé en moins de 13H ce qui serait une magnifique performance.

C’est sans compter mon état de fatigue avancé et également les dunes qui jonchent encore la fin de cette étape.

 

Je mettrai plus de 4H pour boucler ces 21 derniers kilomètres. J’essai de courir mais abandonne lorsqu’ un Anglais (il est vrai plus grand que moi) me double en marchant alors que j’ai l’impression de courir.  Ils font ch….. Ces Anglais, déjà qu’ils nous ont battu au stade de France sur le tournois des 6 nations et en plus il me donne l’impression que je ne sais plus courir ;  lol.

 

A 3 kilomètres de l’arrivée, je comprends enfin que j’irai au bout de ce putain de Marathon des sables. Ce n’est pas le marathon du surlendemain qui m’arrêtera maintenant.

Je sens mes habituelles larmes poindrent. Je me remerrorts tous ces entrainements avalés durant cet hiver, je pense à ma petite famille qui me soutient là-bas à Prunay-le-temple, je pense à tous ces messages, ces SMS que tous mes amis m’ont envoyé, je pense à mes parents qui de là-haut veillent sur moi, ils m’influent une force qui me permet de déplacer des montagnes (plutôt des dunes et des Djebels ce coup-ci) et je pleure seul dans cette si belle nuit étoilée. L’émotion emporte tout, la beauté de ce désert si difficile mais si envoutant aura raison de mon self contrôle.

Je marche ces derniers hectomètres pour prolonger ce moment qui je sais si difficile mais si empreint à des moments forts de coureur d’ultra.  C’est pour cela que l’on court, pour se sentir détruit physiquement mais si fort intérieurement. On repousse les limites toujours plus loin afin de vérifier ce qu’il y a derrière.  Et bien derrière il y a d’autres courses, d’autres moments de partage comme celui que je suis en train de vivre sur ce marathon des sables. 

 

Je fini tout de même pas bouclé cette étape en un peu plus de 14H, retrouve mes deux acolytes qui essaient de dormir et qui m’auront mis plus de 2H sur la deuxième moitié.  Bravo messieurs vous êtes de véritables champions et prouvez chaque jour votre valeur.

 

Bon d’accord vous n’êtes plus très propres mais votre niveau n’a d’égal que votre gentillesse et votre bienveillance envers nous tous.  (Ce moment où tous les deux vous ôterez mes booster, mes guêtres et mes chaussures à la veille de notre arrivée et pour moi un des instants des plus fort de cette course : merci les gars)

 

Bien entendu, je n’ai pas faim, j’ai les jambes qui me font mal et je tente de prendre un repos bien mérité.

Petit à petit nos comparses des la tente nous rejoignent.

Les deux beaufs en un peu plus de 16H, puis Aziz en 18H ; il s’est bien refait notre chameau du désert et chaque jour il grignote des places au classement.

Je suis inquiet car mes deux collègues ne donnent pas signe de vie. Je me doute bien  que François réalisant l’étape en marchant a dû s’arrêter afin de dormir, mais qu’arrive-t-il à Jef ?

 

Jusque là il avait fait jeu égal avec moi et même au-delà car au matin de cette grand étape il pointait au général à 20 minutes devant moi.

 

Vers 2H de matin je comprends que son état de ce matin lui a été fatal et j’espère qu’il s’est arrêté à un CP afin de prendre un peu de repos afin de terminer ces 82 kilomètres demain.

 

Nous dormons très  mal cette nuit là et c’est vers 6H que nous nous levons alors que pour une fois nous aurions pu profiter un peu d’une grasse matinée.

 

Le réveil est difficile.

 

Nous décidons d’aller voir l’arrivée afin d’avoir des nouvelles de mes deux collègues.

Nous apprendrons qu’ils sont toujours en course mais qu’ils se sont arrêtés au CP 5 à 30 kilomètres de l’arrivée et sont tous deux repartis ce matin ;  ouf ils n’ont pas abandonné.

 

La matinée est ponctué d’aller retour entre la tente 24 et l’arrivée, nous ne voulons pas rater leur arrivée.

Je me sens étonnement bien ce matin et regrette que la dernière grande étape ne soit pas aujourd’hui ; En effet, je redoute ce jour de repos.

 

Mon collègue Jef finira par arriver assez atteint physiquement mais heureux d’en avoir fini avec cette satanée étape.

Bravo Jef, malgré ton état de la veille tu as été au bout.

 

Mais oui elle est fini, on s’en fout du chrono !!!!  Guillaume tu a l’air en forme, que viens tu de voir, une belle Anglaise ???

 

François mettra un point d’honneur a ne pas terminer dernier de cette étape et seulement 5 arriveront après lui : dommage tu aurais eu les honneurs du JT de TF1.  Ses pieds sont indescriptibles, il fait peine à voir mais démontre chaque jour une force de caractère hors du commun afin de continuer à avancer.

 

Ensuite nous connaitrons un des épisodes des plus épiques de ce Marathon des Sables : une tempête avec orage et grêle. Et oui, il grêle dans le désert

Cette tempête me permettra d’assister à un des moments des plus forts émotionnellement. Le guide abritant son ami aveugle qu’il guide depuis le départ :

 

 

Nous rejoignons ensuite nos compères sous la tente afin de constater les dégâts.

A ce moment le moral est au plus bas, il fait froid, le vent emporte tout et la pluie trempe toute nos affaires.

A huit nous tentons bien que mal de tenir la tente afin qu’elle ne s’envole pas.

Heureusement le désert à cette particularité de changer très vite de climat et au bout d’une demi-heure plus rien de cette tempête ne subsiste.

La vie reprend ses droits dans le camp et tous nous profitons du soleil pour faire sécher nos affaires.

Voyez l’état de ma paillasse, il va falloir que je dorme là dessus ce soir !!!

 

 

 

La tente n’est pas mieux :

 

Dans cette fin d’après-midi nous pourrons enfin profiter  de ce décor idyllique qui nous entoure et l’organisation nous a fait un surprise : un coca pour tout le monde.

Quel bonheur, nous profitons de ces instants tous ensembles, autour de cacahuètes et noix de cajou et flânons dans ces dunes si magnifiques.

 

Je me balade avec mon pote Aziz afin d’immortaliser ces moments.

 

Samir, également mon acolyte du premier jour nous rejoindra :

 

 

La soirée se passe bien, nous sommes heureux tous sur de pouvoir terminer ce MDS.

 

Après une nuit assez difficile à lutter contre le froid, nous nous réveillons ce vendredi 13 Avril 2012 afin de courir ce fameux marathon : l’étape fait exactement 42.2km.

La journée de repos  me faisait peur avec raison. En effet, ce matin je ne suis pas bien, les jambes sont lourdes et je commence à avoir mal au ventre. Mon classement actuel est 177ème et j’ai 1H d’avance sur le 200ème car en effet je rêve de rester dans le top 200.

 

Je pars prudemment sur cette étape et de nombreux coureur me doubleront ; Je serais incapable de suivre l’allure de Samir et c’est en 5H35 que je bouclerai ce marathon également mon record du marathon de mon iron-man d’Embrun (lol).

 

Malgré cela je suis heureux au moment de passer cette ligne car je sais que plus rien ne peut m’arriver. Je fais la fête, j’ai envie de sauter partout.

 

Plusieurs heures après arriveront ces magnifiques pompiers de Vannes qui ont brillement porté à l’aide d’une Joelette de jeunes handicapés tout au long de ce MDS

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L’émotion est à son comble lorsqu’ils passent la ligne d’arrivée et quasiment tout le camp est là pour les accueillir.

 

Un petit coucou également à Joseph qui boucle son 7ème Marathon des sables.

  Lors d’une interview l’année précédente, il nous rappellera à l’ordre à nous tous qui nous prenons pour des surhommes en répondant à une question d’un journaliste : « comment faites-vous à votre âge pour faire des courses aussi dures ? » : il répondra « vous savez j’ai perdu ma femme et ma fille, après cela rien n’est dur. »

 

 

La soirée ensuite sera mitigée, entre la joie d’être aller au bout et la tristesse d’une aventure fantastique qui touche à sa fin.

Le côté business reprendra le dessus et nous aurons même la joie incongrue d’assister à un concert de l’opéra de Paris en plein désert.       

 

Tout ceci me dérange un peu et à mon goût complètement décalé avec ce que nous venons de vivre ;

Je me rappel les mots de Xavier envers cette course qu’il trouve trop bling-bling et je ne peux qu’être d’accord avec lui.

 

Je peux à nouveau parler au téléphone avec ma petite famille et c’est avec une joie non dissimulée que je les écoute et leur raconte un peu mon périple.

 

Nous admirons au loin au soleil couchant les dunes de Merzouga, plus hautes du Maroc

 

Le lendemain un air de fête nous habite et c’est en joie que nous rejoignons ce dernier départ afin de courir ces 15.5 deniers kilomètres dont 9.5kms de dunes tout de même.

 

 

 

Admirez ces dunes comme elles sont belles mais qu’elles sont difficile.

 

Durant la première demi-heure de cette étape j’entends, « le FLEP devant » et c’est avec joie qu’en me retournant je vois Aziz qui me dépose sur place.  Tel le Marocain volant il vole vers l’arrivée, c’étant refais une santé et démontrant qu’une course n’est jamais terminée.

 

Ce jour là même les « deux vieux » me laisseront à mon triste sort dans les dunes, car comme dit précédemment, je n’ai pas le pied sableux !!!

 

Et c’est avec mon collègue main dans la main que nous passerons la ligne d’arrivée avec un sentiment mêlé de joie d’en finir et de peine que c’est déjà fini.

 

Sitôt la ligne passée et notre médaille récupérée nous prenons le bus qui nous ramène à Ouarzazate afin de prendre cette douche tant espérée après 5H30 de bus tout de même.

 

Puis le temps du réconfort avec une bonne bière pour la tente 24.

 

Le dernier jour sera consacré à la remise des prix, balade en ville et achat à la boutique du Marathon des sables (grrrrr  encore du business !!!) où je pourrai rencontrer le mythique Lahcen Ahansal 10 fois vainqueur de ce Marathon des  sables

Dernière photo de notre équipe IBA qui a magnifiquement terminé, dans son ensemble, le marathon des sables.

 

 

Côté résultats la course reviendra pour la première fois à un Jordanien AL AQRA, suite à l’abandon du favori Marocain en 19H59’. Le frère Ahansal sera 2ème.

La première féminine sera à nouveau Laurence Klein, 22ème au scratch qui termine en 26H15’

Christophe Le Saux premier Français, 6ème au scratch termine en 22H03’.

 

Côté tente 24, les champions Laurent et Christophe pointeront à la 59 et 60ème place en 30H38’ (désolé Christophe mais Laurent termine devant toi !!!)

Ils auront réalisés la course de bout en bout ensemble démontrant que l’amitié n’est pas un vain mot dans la course à pieds.

 

 

Pour ma part je terminerai 3ème de la tente 24 et premier de mon équipe IBA à la 181ème place en 36H35’ à 6.78km/h de moyenne.

Pas si mal pour un ex ti-gros ??

 

Les « deux vieux », Jean et Guillaume, qui eux aussi ont couru ensemble terminent à la 290 et 291ème place en 40H34’, Aziz finira en 46H36’ à la 457ème place.  A partir de la première étape il n’aura que gagner des places.

 

Côté équipe IBA, Jef terminera 544ème en 50H31, l’étape longue lui aura été fatale, sans cela il aurait à coup sur était dans les 200 premiers.

Pablo pointera à la 665ème place en 58H12, François au 709ème rang en 62H34’ et notre américain volant en qui pas beaucoup de monde misait fini en 713ème position en 62H46’.