40e édition des 100 km de Millau (Aveyron) le samedi 24 septembre 2011   Rédigé par PRIN  LAURENT   le 19 Oct 2011

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Extrait du journal télévisé de 20h00, dimanche soir sur TF1:
« C'est l'une des courses à pied les plus dures au monde : les 100 km de Millau se sont déroulés ce week-end. Plus de 3.000 concurrents sont venus disputer la 40e édition de cette épreuve mythique, un record de fréquentation. »
          
            « Atteindre l’inaccessible, … un jeu de malin ! »
 
            12 semaines…, c’est la durée que nous avons mis, certains de mes camarades et moi, pour mener à bien ces 100 km.
C’est la même durée que pour préparer un marathon (42,195 km) mais avec des exercices différents. Pour la récupération, idem, il faut compter 6 semaines…
Au cumulé, j’ai enregistré 720 km en course à pied (càp) et 720 km en vélo de course.
Une moyenne de 4 à 5 sorties par semaine, avec des exercices comme des montées/descentes et parfois uniquement des descentes pour le travail des quadriceps.
Ces exercices spécifiques ont été réalisés en fin de journée (souvent les jeudis soirs) sur la commune de Maule(78), au lieu dit de la côte de Beulle : célèbre côte, proche de chez nous, mesurant 3 km de long (la largeur importe peu (lol)) et disposant d’un dénivelé équivalent à celui du col de Tiergues (partie très difficile sur les 100 kms de Millau) sauf qu’elle est presque 2,5 fois moins longue…
Quant aux séances vélo, de longues sorties d’endurance, les dimanches, juste pour tourner les jambes sur 3, 4 ou 5h, avec notre Es-spécialiste : Arnaud, le compagnon de Mylène.  Il connait toutes les petites routes sur notre secteur de la forêt de Rambouillet et les alentours, et gère le parcours pour que le vent ne soit jamais à notre désavantage, du grand Art.
Merci Arnaud, on a passé de sympathiques moments n’est ce pas !
Je nous revois encore remplir nos gourdes parmi les nombreux cimetières de la région.  Et oui, il y a toujours de l’eau bien fraiche pour se désaltérer à souhait ! Cerise sur le gâteau durant ces phases de préparation, nous avons eu le privilège de croiser les cyclistes du Paris Brest Paris 2011 aussi bien sur le chemin de l’aller que celui du retour, sans les imiter, mais juste pour les encourager… P’tit clin d’œil à nos sympathiques amis Américains de Seattle (Bill, Greg, Joe…) et Serge Maraquin (le frère de Guy), tous présents sur cette fameuse et  plus célèbre randonnée longue distance, en août dernier…
 
            Euh ! J’me suis volontairement égaré, mais revenons à notre préparation et plus précisément à la course à pied. Je voulais vous préciser que nous devions particulièrement orienter notre travail sur notre allure spécifique, la clé de la réussite. Ce fut un travail minutieux, tant sur l’aspect physique, tenant compte de nos fréquences cardiaques respectives que sur nos capacités à maintenir une vitesse lente sans générer trop d’acide lactique, le nerf de la guerre pour ne jamais trop défaillir, argghhhh…
De nombreuses sorties de plus de 3h (les samedis ou dimanches) nous ont permis de peaufiner les réglages et nous avons pu les mettre en application sur la course des « 50 km de la Sologne des Rivières » à Theillay (41) fin août, un mois avant Millau.
Finalement, une allure spécifique moyenne de 6’15 au kilomètre ou 9,5 km/h, encore moins rapide que notre allure lente (pas facile à accepter au début de la préparation, je vous assure !), majorée légèrement à la hausse pour compenser le fort dénivelé qui nous attend, là-bas à Millau...
Soit, un objectif de terminer les 100 bornes, et s’approcher des moins de 12h30 de course ou 8 km/h de moyenne !
 
Est-ce un pari audacieux ?  
Vous l’aurez compris, tout un programme minutieusement étudié par Rodolphe, notre entraineur de l’AS Bazainville, toujours à notre écoute pour répondre à nos interrogations.
Personnellement, ce plan, je l’ai dévoré comme un « mort de faim », et comme d’autres d’ailleurs.
Ils se reconnaitront, mes compagnons de torture.  
Pour affirmer mes propos, et comme j’aime à préciser à ceux qui me prennent pour un fada, j’imagine ce que cette distance représente pour eux. 
Avec un peu d’empathie, je leur dis :
- « Oui, c’est vrai, faire 100 km en voiture, c’est déjà long, alors en càp, cela peut devenir vite un calvaire si on ne s’y prépare pas correctement… ». (La Palice n’aurait certainement pas dit mieux !).
Si un jour vous prend l’idée de signer un tel engagement, songé à vous préparer un minimum…
En me resituant dans le contexte d’un certain 20 février 2005 sur la ligne d’arrivée de mon tout premier Semi-marathon à Bullion (78), j’étais loin de penser et imaginer qu’un jour je m’engagerais pour une telle distance si invraisemblable à l’époque !  
 
 
Mais alors, comment en suis-je arrivé là ?

 

Probablement un peu grâce aux quelques milliers de foulées et kilomètres en càp, en moyenne 2.500 km par an (un Aller/Retour Paris/Madrid ou Paris/Vienne en Autriche) depuis 3 ans, finissant par me donner des envies de découvrir autre chose qu’un simple « Marathon » (Déjà 12 au compteur, Oups !), mon meilleur chrono (3h38’26 à Varsovie en 2010).
Au moins 2 douzaines de Semi Marathon (meilleur chrono : 1h34’12 à Rambouillet en 2009).
Des 20 km de Paris comme en 2007, et mon meilleur temps en 1h27’54 avec le soutien de mon pote Lolo.  
Des Paris/Versailles dont 1h12’57 en 2007, et des Marseille/Cassis avec 1h40 en 2010,
Un Marvejols/Mende en 2h02, et bien d’autres évidemment.
Puis les trails m’ont appris à gérer différemment mes courses et à appréhender des distances encore plus longues. Par exemple, notre sortie club en mai 2010 que nous avons baptisée « La Trans-Auvergne » (traversée de l’auvergne du nord au sud en 5 étapes sur + 150 km).
Les Trails des Burons de 45 km en 2008 et 2009.
Les 86 km sur le Raid du Golfe du Morbihan en juin 2010. (+ de 14 heures de course, gloups !)
Enfin, la seconde sortie en « off » avec l’ASB en juin dernier sur «Le tour du Mont Lozère » sur 4 étapes et 150 km au cumulé sans compter le dénivelé…
Nos différents périples et nos tourbillons d’envies s’imbriquent les uns dans les autres, alors pourquoi pas, nous, à Millau sur les 100 km!   
 
C’est ainsi que je, euh ! Nous allons nous retrouver embarqués dans cette magnifique aventure sportive.  
 

 
Nous sommes tout un tas de copains/copines/amis/collègues à arriver au fil de l’eau dans la capitale Aveyronnaise ce vendredi 23 septembre 2011. Cyril/Xavier/Guy/Rodolphe et moi, nous y serons vers 15h30, au parc de la Victoire, après quelques heures de route.
Enfin, nous récupérons le Graal : c’est à dire le dossard. Il confirme notre engagement.
Notre pochette surprise comporte aussi, pour notre plus grand bonheur, un magnifique tee-shirt technique de couleur fuchsia « The touch… » et la signature emblématique de la 40e édition des 100 km de Millau… 
 
En faite, nous serons plus d’une douzaine et demi de coureurs/coureuses de l’AS Bazainville suivis ou non par un/une cycliste, coach, dit accompagnateur/trice à prendre le départ dès demain matin 10h00.  
Merci à : Anna, Arnaud, Carole & Guillaume, Corinne & Patrick, Gilles, Nadine, le frère et le Parrain de Rodolphe, qui d’autres encore ?
Les accompagnateurs de mes collègues : Philippe dans le rôle du lapin rose…, Stan, Bruno et son épouse (les amis à Guy Lacoste).
Ah oui ! Ovation à tous nos fidèles supporters/trices de France et de Navarre qui nous ont suivis en direct sur internet et qui nous ont envoyés de nombreux messages d’encouragements par SMS, Facebook, Ma Pascale & Schlouff   notre petit chien adorée qui ont contribué à quelques longues sorties de préparation et à tous les autres qui l’on fait uniquement par la pensée… oui, ça existe aussi !
 
A chacun son Sherpa: moi, ce sera Gilles, mon super accompagnateur avec sa monture sobre et sans complexe (j’aime bien la poubelle !),
le super vélo préparé avec précision digne d’un Es-spécialiste : c’est celui d’Arnaud qui accompagnera Mylène,
la version exotique de Philippe, l’époux de ma collègue Anne … (faut voir si la carotte est la solution pour aller au bout !),
et surtout une bonne bande de copains, c’est encore mieux (nocomment…)
 
Pour la course à pied, dans le désordre :
Rodolphe notre entraineur et préparateur de l’épreuve visant un chrono de 8h (8h12’34 en 2006) encouragé par ses 2 accompagnateurs vélo (son frère et Parrain).
Les nanas : Isabel Correia & Nathalie Satarov en 15h pour une premiére, en solo, why not !
Nathalie Chauvet juste derriére elles et largement avant la barrière horaire des 20h.
Carole veillera au grain depuis son vélo pour lui faire rallier l’arrivée.
Quant à Pascale Guillonneau, elle vient s’essayer seule sur Millau (meilleur chrono en 2006 sur les 100 km de Chavagnes en Vendée : 10h55’07).
Faire mieux que 14h03’26 (2009) pour Wendy Dillon, ce sera son challenge accompagnée par 2 cyclistes : Corinne Bernier & son compagnon Patrick. Corinne la suivra jusqu’au marathon, puis Patrick prendra le relais pour le finish. Quelle classe, isn’tIt !
Quant à Mylène Michouland, elle prendra le départ avec la volonté de finir l’épreuve et viser les moins de 12h30 (oui, c’est possible) pour une premiére. Arnaud a tout prévu sur sa monture, elle ne manquera de rien, c’est une évidence.  
Les mecs : Cyril Medici, accompagné de Guillaume à vélo, partira sur une allure de 11 km/h et avec l’objectif de tenir le plus longtemps possible et battre son record (11h20’30 en 2008 & 10h47’51 à Belves en 2009).
Thierry Levasseur dit Titi : - « J’ai décidé de partir à plus de 10 km/h et en…  Cyril si besoin ». (en… : comme emmener, pour ceux qui avaient les idées mal placées).
Jean Baptiste Kulik dit JB qui devait être accompagné de Marc Gilotti (mais absent pour raison professionnelle, la tuile…) à l’espoir de finir et s’accrocher aux baskets de Mylène.  
Eric Adamczyk embarqué dans le périple par les encouragements de Wendy et Anne compte faire une belle course en solo.
Seul également, Guy Maraquin s’élancera avec l’objectif de s’intercaler entre Cyril et Titi sans se faire en… (si vous avez suivi l’affaire).
Fabrice Wojtkow a aussi la même volonté que Wendy, décrocher la palme des moins de 13h (en 2009 : 14h39’10) sachant que Nadine son épouse l’accompagne à vélo pour l’emmener au bout.
Daniel Nogues s’initie sur la distance mais part avec un handicap : une blessure à peine réparée… donc advienne que pourra, mais Anna son épouse sonnera le glas si nécessaire.
Richard Pioche (notre jeune V3) peut faire un bon chrono autour des 12h30. Marie-Claire l’accompagnera à vélo. Costaud le gars, d’autant qu’ils reviennent juste hier d’un mini séjour en forêt noire…
Notre Antoine Barbosa fera son possible pour rejoindre Millau.
Xavier Mauban de retour de la Transe Gaule (course pédestre la plus longue de France en 18 étapes et 1150 km…) s’élancera tranquillement à 8 km/h et il rattrapera un bon paquet de « centbornards », c’est évident.
Il y a plusieurs collègues de travail comme Francis Guillaume (objectif 12h) et mes amis de l’association France Telecom Orange OPERA.  
Anne Leleu a la volonté de faire moins de 12h30. Elle appliquera l'alternance course/marche (méthode Cyrano, pas celui qui a un long nez !). L'idée est d'intercaler à intervalles réguliers des portions marchées. Exemple : séries de 14’ en càp / 1’ en marche active jusqu’ ‘au 50 km, puis 9’/1’, etc… Philippe, son mari, se contentera de faire un peu d’animation sur le parcours avec sa tenue de p’tit lapin rose sur son vélo et par la même occasion, accompagnera un copain.
Djima Tran Dang visera les + de 13h suivi à vélo par une copine.
Pour les objectifs de 11h, Eric Tran Dang & Guy Lacoste seront coachés et épaulés par Stan et Bruno à vélo.
En solo, Michel Murat s’aligne pour + de 10h, du lourd, et Jean-Claude Lacoque en -10h, ça va chauffer… 
Michel Sireau a quant à lui l’envie de se faire plaisir sur la base des moins de 13h.
Euh ! Moi, ce sera de finir et viser les moins de 12h30 en compagnie de Mylène et JB si possible.
C’est Gilles Itier (régional de l’étape) qui me fait l’honneur de m’accompagner à vélo aussi généreusement qu’il l’avait fait sur l’édition 2009 avec Anne Seguin.
Ah ! J’allais oublier Georges Foulonneau (V3), le voisin de mes parents de la Roche Sur Yon (85), un fidèle des 100 km de Vendée à Chavagnes en Palliers et venant s’essayer pour le plaisir, tout comme les 3200 « centbornards », et les 550 marathoniens…
 
En résumé, beaucoup de copains, copines sur les routes Millavoises, et pas des moindres, n’est ce pas!  
 
Dernier repas conviviale et sérieux avant d’affronter le tarmac…
 
       9h45 à ma montre, il fait super beau ce samedi matin 24 septembre dans les rues de Millau.
Je suis en compagnie de quelques copains/copines de course parmi tout ce monde (Mylène, Wendy, Eric, JB, Fabrice, Xavier, Thierry dit Titi, Cyril, Francis un collègue du boulot …). Avec Mylène et Jean Bap, nous avons prévu de faire un bon bout de chemin ensemble et je suis rassurer de les avoir retrouvé.
 
En effet, Gilles et moi avons quitté le village vacances (Domaine du Roc Nantais) vers 7h45 comme la plupart de nos copains depuis ce charmant petit village de Nant situé sur le plateau du Larzac (env. 33 km de Millau). Sur les conseils avertis de Rodolphe, et pour éviter les bouchons probables sur Millau, il nous a suggéré d’emprunter la route des gorges de la Dourbie. Et c’est tant mieux, car le paysage est splendide et permet de penser à autre chose.  Cela me rappelle aussi cette année 2007, où j’étais venu faire une de mes plus belles randonnées VTT de + 80 km se nommant « La Caussenarde » avec les copains du CCVV (Cyclo Club de Vélizy Villacoublay). Au milieu de cette gorge, je mesure encore tout l’ampleur des efforts à fournir pour descendre et remonter celle-ci sur Saint André de Vézines …
Allez, en parlant d’effort, nous arrivons à Millau vers 8h20 sans encombre. Gilles essaye de s’aventurer en centre ville. Très vite, il faut envisager une situation de repli pour stationner notre véhicule gratuitement.
L’aubaine, une place nous attend juste à l’entrée de la ville, un petit parking qui longe le passage du 40e … Gilles prépare le vélo puis nous nous dirigeons vers le parc de la Victoire.
Dans l’euphorie, j’embarque Gilles par erreur sur la route d’Aguessac, trop content de répondre déjà aux différents SMS d’encouragements sans me préoccuper de suivre le bon itinéraire.
Résultat, une bonne marche forcée de plus de 2 km dont j’aurais pu me passer…
Qu’importe, nous nous sommes tous enfin retrouvés à l’entrée du Parc de la Victoire, selon les préconisations du comité d’organisation SOM Section athlétisme 100 km de Millau. 
L’idée est de nous faire franchir une ligne fictive permettant de comptabiliser un peu plus exactement le nombre de participants.
C’est aussi un bon prétexte pour faire un beau défilé de tous ces athlètes, dans les rues de la capitale Aveyronnaise …
Imaginez quelques instants, plus de 4 000 personnes toutes excitées comme des puces, venant des quatre coins de France et plus si affinité, prêt à s’élancer dans cette course si mythique !
Il nous faut alors nous acheminer sur l’avenue de la république, contourner la place Mandarous et nous aligner enfin sur l’avenue Jean Jaurès pour prendre, in finé, le départ officiel à 10h00 du matin.
Un grand moment, j’vous l’jure, d’la balle, c’est «trop Dar» !
On se regarde tous les uns les autres, l’émotion nous envahit, on a tous la chair de poule.
C’est la joie d’être enfin tous là pour cette 40e édition, accomplissement d’une mure réflexion et d’une préparation spécifique commune.
Une telle distance à réaliser ne peut s’improviser à la dernière minute.
Cela se mérite évidemment et même s’il reste toujours les impondérables à la préparation, on essaye tous de s’appliquer pour que tout se déroule dans de bonnes conditions.
 
 10h00, PAN ! Les garennes peuvent enfin s’élancer sur le tarmac…
 
            La délivrance est enfin exhaussée. A peine plus de 2 minutes pour franchir la ligne officielle du départ, j’enclenche mon chrono et m’élance tranquillement en prenant garde à ne pas chuter tellement nous sommes nombreux.
Pas de panique, nous aurons largement le temps de récupérer le retard…
Oups, une de mes trois petites gourdes vient de tomber ! Tant pis, il ne faut s’arrêter sous peine de se faire courir dessus!
Il devient vite difficile de rester avec mes amis. Il faut se frayer un chemin, et sans arrêt zigzaguer, durant le premier kilomètre.
Résultat, une allure un peu lente à 6’55 sur le premier kilomètre pour 6’30.
On ne va pas commencer à regarder le chrono et courir après celui-ci. Aucun souci sur le tempo, j’suis juste gêné de me retrouver seul. Je me retourne régulièrement pour retrouver mon groupe, mais pas moyen, il y a vraiment foule et on se ressemble tous, étrange !
Finalement, JB est à mes côtés, alors pas de panique, car nous nous retrouverons tous à la hauteur de la commune d’Aguessac vers le 7e km, lieu où tous nos accompagnateurs vélo nous attendent sagement depuis 10h00 ... (Ils ne pouvaient prendre le départ en même temps que nous, sécurité oblige).
 
 
A vos marques, c’est parti…
 
Titi revient à notre hauteur, la route est un peu plus limpide.
Il me demande à quelle allure nous sommes.
-« Tout va bien Thierry, on est à 6’20 au kilo », lui dis-je.
Ce n’est pas ma vitesse cible, je devrais être au moins à 10 km/h, … », puis Thierry poursuit sa route, nous nous souhaitons mutuellement une bonne course, on ne se reverra plus.
Nous quittons Millau maintenant, et regagnons le Tarn en suivant une route relativement plate.
Le paysage est très agréable, et quelle belle longue chenille à perte de vue… Je rappelle régulièrement JB qui a tendance à prendre l’allure du flot de la meute en rut.
A l’entrée du village d’Aguessac, il y a beaucoup de spectateurs pour nous encourager, c’est hyper prenant.
Je fais un coucou à Carole en vélo qui attend patiemment Nathalie Chauvet, puis à Marie-Claire qui accompagnera à vélo son mari Richard.  
Finalement, Wendy, Mylène, Fabrice, Xavier arrivent dans notre dos, juste avant que je ne récupère Gilles mon accompagnateur vélo et Arnaud, c’est génial.
 
Arnaud en plein préparatif, il faut encore se couvrir, car sur les vélos, il fait plus frais… puis l’armada arrive (JB, Mylène, Fabrice, et moi)
 
Dans l’entre-fait, au devant de la course, les champions ont eu le temps de se faire tirer le portrait.
 
A gauche, Bastien BRAVAIS le gagnant du marathon en 2h42’58, Rodolphe Jacottin encore hyper bien sur un tempo de 4’30 au kilo,
et Mickael BOCH le gagnant des 100 km en 7h21’ 37.
 
A peine à la hauteur de Gilles, il me propose déjà une pâte de fruit et un comprimé de « sporténine ». Je lui demande également de bien vouloir remplir mes 2 petites gourdes en eau fraiche que j’ai autour de la taille et lui remet la ceinture de mon cardio car cela ne fonctionne pas (deuxième couille dans le potage). Sitôt dit, sitôt fait, c’est « royal au bar ».
Voilà, heureux de tous nous retrouver au bout de 45’ minutes.
Les cyclistes se frayent un chemin tant bien que mal, mais nombreuses sont les chutes : vélos mal équilibrés par les paniers de ravitaillement. Il faut être sacrément bon équilibriste pour rouler au pas avec une monture déstabilisée …
Ouille ouille ouille, le poids du corps qui s’écrase à même le sol, on a mal pour eux…
Le parcours est vraiment très encombré, mais pour nous, ça va, on a le temps de s’y habituer et n’avons pas les mêmes contraintes à gérer… C’est tout de même hyper rassurant d’avoir son accompagnateur à ses côtés prêt à nous apporter tout ce que nous souhaitons.
Grâce à eux nous ne devons pas nous arrêter aux ravitaillements.
Arnaud, Gilles et tous les autres doivent s’organiser car ils galèrent à ce sujet.
Ils ne peuvent pas pénétrer avec leur vélo aux ravitaillements pour procéder au remplissage en eau.
Il faut garer la monture et accéder tant bien que mal aux stands…
Oups ! Rodolphe marche à contre sens, la tête baissée, il vient d’arrêter la course suite à un claquage. La sentence est terrible. C’est un coup dure pour nous tous, on comprend que nulle n’est infaillible…
 
 
Et pendant ce temps, il court, il court le garenne.
Nous voici à hauteur de la commune de Rivière sur Tarn, alors j’ai une grande pensée pour mon ami Joël Dagbert qui m’avait informé qu’il y avait passé ses toutes premières vacances d’été… Oui, le parcours le long du Tarn est très agréable.
Séquence émotion: Gilles me fait remarquer qu’il y a des dizaines d’oiseaux dans le ciel au dessus de nos têtes. Il s’agit d’une espèce de rapace en voix de disparition qui a été implantée ces dernières années, et aujourd’hui, la région en est infestée, … Il faut reconnaitre que nous sommes des proies idéales ! (lol)
« Cours, cours Forrest… » Tout va bien, on traverse les communes de Peyrelade au 14e puis Boyne au 16e km.
Les riverains sont présents pour nous encourager. Il faut dire que la route est condamnée à la circulation, alors, que peuvent-ils faire d’autres !
Nous voici maintenant à la hauteur du Semi-marathon (21,0975 km) en 2h18, on traverse le Tarn depuis un joli petit pont du village Le Rozier.
Ensuite, il faut mettre la sur-démultipliée car il y a un virage en épingle à cheveux, on se croirait en pleine ascension du col de l’Alpes d’huez. 
L’effet est euphorisant, mais il ne faut pas emballer la machine. Chacun grimpe à son rythme et je me retrouve légèrement en tête.
C’est mon ami Fabrice qui revient à ma hauteur, il a une pêche d’enfer.
Je me ravitaille régulièrement en eau, la température de l’air est en hausse, + 22 degré à ce moment, mais il y a des passages ombragés.
J’ai demandé à Gilles de me procurer ma casquette saharienne et une lingette pour me rafraichir le visage et les avant bras. Je suis bien, la foulée déroule normalement, régulièrement, et nous maintenons la moyenne de 6’30 au kilo.
J’admire le paysage et comme nous sommes légèrement en hauteur en direction de Millau, on a sur notre droite les centaines de coureurs en contre bas encore de l’autre côté du Tarn, c’est Géant.
J’ai un léger coup de moins bien vers le 25em, je rassure Gilles. C’est juste un mauvais passage que je vais gérer. D’ailleurs, JB et Mylène ont eu le leur vers le 20em, pourquoi ! Certainement un effet physiologique que notre corps doit accepter… Le parcours s’est aussi durci, il y a des toboggans à avaler, et ce n’est pas le moment de faire des folies.
Puis, je dois me mettre à marcher, il fait très chaud maintenant au soleil (+26°C). Mylène et JB sont de nouveau à ma hauteur, j’suis content de les avoir à côté de moi.
Une TERRIBLE décharge survient sur mon mollet gauche ! Incredible, une crampe, aggrrhhh!!!
Mon dieu, que m’arrive t il ?
Cela fait des lustres que je n’en ai plus, et jamais au mollet.
Mon pied se met à battre la chamade sans que je puisse maitriser son orientation.
Alors, je ralentis et propose à Gilles de me mettre à l’ombre pour quelques massages.
Mylène, JB et Fabrice s’éloignent très rapidement, c’est la règle.
Arrive, entre temps, Wendy puis Xavier qui comprennent mon désarroi. Ils ne peuvent rien pour moi… C’est la barbe, mais j’ai bon moral. 
 
 
Un si beau spectacle, mais il faut pourtant accepter la panne dès le 30e km …
 
Alors je reprends en marchant la route puis relance tout doucement la machine.
Le 30e et la commune de Cresse restera donc pour moi le début de la galère.
Je me contente amèrement d’apprécier les champs de cerisiers en grande quantité ici. J’ai bon moral, mais la tournure de l’aventure bascule vers le côté obscure de la force.
Alors Gilles décide de m’ouvrir à la conversation pour penser à autre chose. Il me demande ce que je fais professionnellement, comme si j’aime à raconter ma vie professionnelle ! Je joue le jeu et il fait l’intéressé. Cela me fait avancer en oubliant mes misères.
Malheureusement, les crampes se propagent sur le mollet droit, c’est terrible.
J’applique la méthode Cyrano en 9’course/1’marche (pas le choix d’ailleurs), mais j’ai terriblement mal. Pourtant, j’vous l’jure, je n’ai pas négligé la boisson, la sporténine, les barres multivitaminées, les pom’potes bananes et tutti quanti. P’tit bémol, je n’ai pas bu d’eau isotonic, mais pour moi, compensé par tous les autres gels.  
Gilles vient de me dégoter de la St Yorre, car cela donne du ressort… et cela change de l’eau et du coca. Disons que la St Yorre est surtout riche en minéraux et en bicarbonate, donc pas forcement mauvaise pour mes maux ! Puis, j’ai quelques SMS qui me distraient également, c’est sympa.
Mais l’allure à considérablement chutée évidemment, je progresse à 8’ au kilomètre, il faut se faire une raison. La commune de Paulhe au 34e me laissera complètement indifférent tout comme l’arrivée sur Millau.
Au niveau de la place Mandarous (centre ville), j’aperçois Mylène qui part vers Saint-Affrique, elle semble super bien, c’est géniale !!!
Loin derriére, Fabrice me fait une belle révérence, il est en hyper forme. Ce n’est pas le cas de JB qui passe un mauvais quart d’heure.
Clopin clopan, j’accède au parc de la Victoire (mais pas pour moi !!! c’est Waterloo) pour mes 42 premiers kilomètres.
La foule est amassée derriére les barrières «Nadar», mais elle m’intéresse à peine.
Je préfère me la jouer timidement. Alors, il me faut fournir un terrible effort pour rentrer dans l’enceinte de la salle.
Seuls les marathoniens franchissent leur ligne d’arrivée sur tapis rouge sur la gauche avec un speaker pour les honorer.
Moi, je ne dois pas craquer, alors avec un peu de lucidité, avant de me faire valider mon passage, je me dirige directement vers la salle de soins pour obtenir un bon massage.
Le privilège de porter un dossard de « centbornards » m’autorise d’être pris en charge directement par une charmante masseuse.
La séance me fait souffrir le martyre, mais c’est pour mon bien. J’ai une multitude de contractures, c’est terrible. Gilles profite de ce moment de repos pour immortaliser l’affaire, coquin l’copain !
 
Allez mon lolo, il te faut reprendre la route, le Viaduc de Millau est mon prochain objectif !
Je valide mon passage du 42e, Gilles reprend sa monture, me voici à nouveau sur le tarmac… Dès la sortie du Parc, j’en profite pour changer de tee-shirt, me rafraichir à l’aide de mes lingettes, et repartir comme un sou neuf.
Enfin, neuf, c’est un grand mot ! Disons que j’ai le temps d’observer les gens assis autour des terrasses à siroter quelques boissons rafraichissantes.
Je croise Francis qui rentre au Parc de la Victoire, il vient de me faire un signe, c’est fini pour lui (gros soucis gastriques).
Il y a maintenant le binôme Isa et Nathalie S, heureuses de leur sort.
Ce n’est pas le cas d’Antoine qui a la tête dans le sac comme on dit… 
Il faut slalomer entre les voitures, les boulevards de Millau sont ouverts à la circulation, alors vigilance. L’odeur de gaz d’échappement n’est pas très agréable, avons-nous le choix ?
Alors, il faut désormais sortir de la ville pour retrouver uniquement les coureurs direction Cresseils et l’ascension sous le Viaduc.
Je suis toujours dans l’obligation d’alterner ma progression entre course à pied et marche active. Vais-je tenir ?
Gilles veille à ce que je ne manque de rien, mais maintenant, je commence à saturer à force d’ingurgiter cette nourriture de « sportif ». Trop de sucre, trop de chaleur même si le soleil s’est atténué, tout ce complique.
Alors je reprends mon téléphone, j’ai quelques clients au bout du fil comme je me plais à l’annoncer à Gilles … C’est toujours sympa d’avoir des mots d’encouragements.
Il va falloir se taper la premiére grosse bosse pour accéder au 50em et le passage sous le formidable Viaduc, un véritable ouvrage d’art, un chef-d’œuvre…
Il y a un dénivelé terrible (+ 150 m sur moins 3 km, c’est chaud), alors, le seul moyen d’y aboutir, c’est de marcher. Je me mets à enchainer les foulées à 6 km/h, pas mal pour un handicapé. D’ailleurs, je me surprends à bien avancer, je ramasse pas mal de coureurs à la peine. Gilles entame la causette avec d’autres accompagnateurs de la région de Gap. Ils parlent de Barcelonnette, du parc régional du Mercantour, un joli secteur que mes parents apprécient d’ailleurs.
Cette invitation au voyage me plait même si j’ai en point de mire le Viaduc qui me ravit le cœur.
Même mal en point, j’ai la satisfaction de poursuivre mon p’tit bonhomme de chemin et vers Saint Affrique… Yes, 6h44 au sommet de cette premiére terrible côte, c’est fait.
Pendant que Gilles me tire le portrait, Mickael Boch (le Premier) arrive à contre sens, (non qu’il abandonne, mais ce que l’on vient de monter, on va le descendre), il est largement accompagné par une multitude de Vélos… .
 

 
50 km, ça, c’est fait…
Alors, cet interlude me redonne un peu d’énergie et je relance en descente la machine.
J’arrive enfin à retrouver un p’tit peu d’espoir et courir à 9 km/h. Pourvu qu’ça dure !
Le second au classement provisoire est loin derriére Mickael, et un peu en décrépitude (il n’y a pas que moi, ça rassure). C’est Ludovic Dilmi (Rambouillet Sport) le nouveau champion de France 2011, promu au 100 km de Theillay, là où j’étais pour les 50 km en août dernier…
Trop fort le gars, mais ira-t-il jusqu’au bout aujourd’hui ?
Bon, j’apprendrai par la suite qu’il a fini 2d en 7h44’45, pas mal !
Pour ma part, ce n’est pas top à nouveau, les crampes sont de retour, au diable les avaries, fermez les écoutilles.
Gilles se met à encourager le troisième qui est carbo de chez carbo, et puis le 4e par contre lui est super bien, il peut largement gagner sa place sur le podium.
On arrive sur Saint-Georges au 53e km après cette longue descente. A l’entrée de la commune, il y a un p’tit comité d’accueil qui s’est improvisé. Les gens sont là pour nous encourager à leur façon en jouant de la trompette et de l’accordéon. En plus, ça chante paillard ou sur un air connu de Piaf, m’en souvient plus très bien à vrai dire.
Pourtant, ce n’est pas le soleil qui m’assomme. La température de l’air est acceptable (22°C), c’est juste que j’suis un peu focalisé sur mes maux, et difficile d’en décrocher.
Mais ces gens sont sympas, cela me met du baume au cœur.
Au centre du village, il y a la salle communale réquisitionnée pour la course, et beaucoup de monde grouille dans tous les sens.
Gilles s’arrête pour remplir les bidons et faire quelques emplettes au ravitaillement.
Moi, je poursuis la route. De toutes les façons, mon compagnon ne tardera pas à me rejoindre.
Je sors du village sous quelques bons encouragements des riverains et poursuis le périple titanesque (Je ne suis pas le roi du monde).
J’ai toujours un excellent moral, j’suis juste grogui par ces multitudes de contractures qui ne cessent de m’harceler. Argghhhh….
-« Lolo, je t’apporte un p’tit apéro, est ce que ça te dit ? » m’interroge Gilles.
Oui, c’est vrai, je l’avais aidé en lui suggérant l’idée de siroter quelques gorgées de bière, lassé de boire toujours la même chose sans avoir une lueur d’espoir d’être décramponné ….
Alors, quelle aubaine de savourer juste 2 ou 3 rasades (euh ! voir 4, hip) de « biérasse » bien fraiche et gouleyante, un pur bonheur.
Et puis, quand bien même, je n’ai plus rien à craindre, le carottes sont bien cuites maintenant. Il est trop bon mon Gilles, et un bon moment de rigolade, ça fait beaucoup de bien, mais ça n’enlève pas les crampes.
A gauche, … à droite, …, en haut… pouah, partout j’ai mal !
 
Mais qu’ai-je fait au bon Dieu ?
Alors, avec Gilles, on essaye toujours de parler, ça fait passer le temps.
Tiens, un autre ravitaillement, l’organisation installe des projecteurs, il y a de la musique à Gogo, une sorte de night club (non merci, je garde le sac de ma copine), ou un truc du genre.
Gilles refait ses emplettes, et moi, j’enchaîne les pas et parfois en course à pied, oui, j’suis venu pour ça quand même.
Oups ! Eureka ! Par Toutatis, sur ma gauche, vous n’allez pas me croire. J’vous jure, un sanglier surgit comme un fou depuis un accès en dévers, il dépote l’animal… Avec ma chance, j’ai le pressentiment que je vais me l’payer… Euh ! J’vous rassure, je n’ai pas d’hallucination. Oui, c’est bien un sanglier complètement excité, agacé par je ne sais quoi. Il me regarde furtivement, puis remonte la route en essayant de gravir la montagne. Mais, impossible, il y a un monticule de plus de 4 m à la vertical le long de la route. Alors il fonce sur d’autres coureurs sans les heurter. Puis comme résigné, il décide de repartir d’où il vient. Il dévale la pente à toute « berzingue ». Je l’aperçois traverser une voie de chemin de fer en contre bas, et puis fin de l’épisode. Incroyable n’est ce pas, le privilège des lents !
Gilles me rejoint, je lui conte l’affaire. Il me regarde à 2 fois, et me sert un peu d’eau pétillante, terminé la bière… mais cette histoire est vraie.
C’est Cyril maintenant que j’aperçois à contre sens. Il est en descente, et il envoie du bois, le garenne. Guillaume est à ses côtés et n’use pas trop les freins de son vélo.
-« Que fais tu là Lolo, allez, il faut t’accrocher ! ». Alors, je l’encourage à mon tour, et l’informe que j’ai des crampes. Il est déçu mais concentré sur l’effort à fournir et moi content, car il est entrain de faire un sacré chrono.
60 km au compteur, après 8h de course, nous arrivons à Saint-Rome.
Là aussi, la salle communale est engluée de coureurs, de vélos, de passants, … on va dire qu’il y a foule.
Il y a autant de coureurs arrivant à contre sens, c’est un peu le désordre, de plus, les véhicules sont autorisés à circuler.
Comme on dit : « Y a du monde dans l’bourg ici ! ». Les riverains applaudissent bien évidemment les bons, et les moins bons comme moi.
Mais on se sent un peu frustré et hors concours, comme les refoulés de la course.
Qu’importe, j’suis encore là, et je me rassure car j’ai pu croiser une multitude de cars remplis de coureurs ayant abandonnés, et ça jette un froid.
On attaque en poursuivant la petite route à droite le col de Tiergues pour encore 4 bons Kilomètres d’ascension.
Inutile de vous dire que je ne songe courir à cet endroit. Même en marchant à allure soutenue, les contractures me menacent continuellement.
Alors je discute avec une femme, Monique, qui est à la peine et on avance encore un peu plus.
Bonne nouvelle, j’aperçois le lapin rose sur son vélo, c’est mon copain Philippe. Il vient de suite vers moi, et je le serre fort dans mes bras, comme heureux de retrouver un camarade à qui on peut avouer sa douleur.
Il m’informe qu’Anne son épouse vient de laisser Saint-Affrique et est sur la route du retour… Magnifique.
Michel Murat arrive à ma rencontre et m’encourage à souhait. Merci l’ami, tes mots m’ont fait du bien. Il semble hyper bien, il va faire un bon chrono.
Puis, c’est maintenant Guy Lacoste qui vient à ma rencontre. On se fait une franche accolade et je l’encourage pour la suite. 
Il faut dire qu’avec les copains de Toulouse, on ne se voit pas souvent en dehors des quelques courses en commun. Mais on s’apprécie, et aujourd’hui, tout le monde est en galère même si c’est la fête.
J’explique tout ça à Gilles qui comprend combien cette humilité est forte face à l’effort et combien cela nous prend aux tripes.
Plus loin, Eric Tran Dang gère comme il peut l’ascension du col. Il a la tête dans le guidon, et souffre lui aussi. Mais, il avance en courant, la classe.
-« Eric, va y copain, faut t’accrocher ! » lui dis-je.
-« Oh, Laurent, comment vas-tu ? ».
-« J’suis crampé depuis le 30e, c’est foutu ! ».
Terrible, cela me fait chaud au cœur de les voir passer un par un.
Ces importants pour moi, car je me doute que je risque de les abandonner prochainement.
C’est un peu ma révérence, mon au revoir tout en les encourageants à ma façon…
La descente me fait terriblement mal, je gémis à chaque foulée. Il y a Richard Pioche qui grimpe comme un damné, puis Guy Maraquin qui arrive maintenant. Il est blanc comme un cachet d’aspirine et me fait signe qu’il est dans un très mauvais passage. Il a des soucis gastriques, et a du vomir plusieurs fois. Je me jette à son cou pour l’encourager, mais malheureusement, je suis pris d’une terrible crise de crampe. J’suis obligé de m’allonger sur la route, triste tableau vous en conviendrez…
-« T’inquiète pas Guy, faut juste me faire quelques étirements ! ». Gilles se précipite pour m’apporter son soutien, c’est ultra douloureux…
-« Courage Laurent », me répond Guy un peu désemparé. Le pauvre, moi qui voulait le relancer !
-« J’suis rincé, en plus Mylène revient sur moi ! » me dit Guy.
-« Oui, je te le confirme, d’ailleurs, la voici ».
Mylène est un peu affolée lorsqu’elle me voit allongé au milieu de la route.
Je la rassure, et lui souhaite une bonne course, elle est hyper bien, je le vois à sa mine.
Ils repartent ensemble vers le sommet du col de Tiergues.
Je me doute que Guy va s’accrocher à ses baskets, et ils devraient pouvoir faire un bon bout de chemin ensemble. Arnaud peut également l’aider, il y a tout ce qu’il faut sur son vélo… 
Je croise Marie-Claire qui me lance des bons mots d’encouragements, elle essaye de rejoindre Richard à vélo, mais il va vite le bougre.
Anne est en contre bas à 400 m au stand du ravitaillement. Elle m’ouvre tout grand ses bras, je la serre et lui fait une franche accolade et un bisou pour la féliciter, car elle semble, elle aussi, hyper bien, le sourire des bons jours.  Je l’informe que j’ai déjà croisé son beau lapin rose.
Anne m’arrose d’encouragement, mais il me faut faire tout d’abord une halte pour une séance de massage. Ensuite, direction Saint-Affrique. La kiné me fait beaucoup de bien, mais vais-je tenir le choc ?
Je reprends tant bien que mal la route, c’est difficile d’évoluer dans ces conditions même si la route descend fort.
Gilles récupère mes lunettes de soleil, je n’en ai plus besoin maintenant.
La fraicheur commence à nous envahir.
Fabrice se jette dans mes bras, il est dans l’ascension du col mais il court encore et Nadine son épouse est à ses côtés, c’est chouette.
Puis Djima est en approche, je lui fais la surprise et la serre également fort dans mes bras :
-« Allez ! Courage Djima, j’suis si content de te voir, tu m’as l’air en forme ! ». Je lui fais un gros bisou et la laisse repartir également.
Xavier, lui, poursuit l’ascension en téléphonant.  Il est en conversation avec Patrick Lemaitre, un copain de l’ASB.  Il lui fait part de mes misères et Patrick m’apporte son soutien moral. 
Puis c’est au tour de Wendy, des larmes lui vient au visage. Alors, elle aussi, un gros bisou, une tape sur l’épaule et elle repart comme en quarante. Elle m’avouera que ces quelques mots l’on bien aidés, elle était dans un mauvais passage de la course.
Michel Sireau en plein effort arrive à son tour vers moi. Nous échangeons quelques mots, mais calcule vite ma détresse.
La nuit tombe rapidement, j’enfile ma frontale et donne une petite lumière rouge clignotante à mon partenaire. Je me fixe également la même à la main droite, notre signe de ralliement. C’est très joli toutes ces lumières, cela change la physionomie de la course. On a moins le sentiment d’être sur une compétition, mais plus sur un raid.
 
            Voilà, il est 20h25 lorsque je pénètre dans l’enceinte de la grande salle communale de Saint-Affrique après 71 km. Je file directement aux soins, un kiné va s’occuper de moi dès qu’il sera disponible.
Il y a beaucoup de guerriers jonchés sur les tables, et je ne suis plus prioritaire.
C’est enfin mon tour, la séance va durer un bon quart d’heure, il y a même un cameraman qui me demande mon autorisation d’être filmé. J’acquiesce, puis le kiné en termine et m’annonce que je peux retourner sur le champ de bataille, ou bien, patienter et prendre le bus.
Mon choix me ramène à la raison, j’en ai discuté pas mal au téléphone avec Pascale et de vive voix avec Gilles.
Ma sentence est irrévocable, je vais remettre mon dossard à l’organisation et stopper ma course…
La décision est prise, il faut arrêter le massacre.
Marcher encore 29 km risque d’être long et sans grand intérêt personnel.
Entre temps, Nathalie et Isabel sont arrivées. Isa a besoin de quelques massages plantaires, alors Nath repart seule, elle est hyper bien. Le teint pâle d’Isa reprend de belles couleurs. Pas d’ampoule au pied-pied, elle est requinquée et repart avec une pêche d’enfer et un moral d’acier.
Puis Nathalie Chauvet arrive à son tour, elle n’est pas au plus mal elle, bien au contraire. Elle se tape une bonne souplette, vérifie sa cheville, t’chat sur Facebook, puis reprend le flambeau remontée comme une puce, la classe…
Par contre Antoine arrive comme un zombie, heureux de me retrouver je pense.  Il me demande comment procéder pour abandonner. One two cinq sept, la remise du dossard est rapidement transmise à l’organisation, comme libéré d’un poids, bienvenue au club gars.
C’est ainsi que c’est déroulé cette 40e éditions des 100 km de Millau. Il y a eu des vainqueurs, des vaincus, de nombreux moments magiques, de terribles moments de moins bien, mais je ne retiendrai que les bons, comme d’hab. J’suis juste frustré de ne pas avoir rallié l’arrivée, ni récupéré ma médaille. Mais si on songe au 9 km de Rodolphe, les 42 km de Titi, Daniel et Guillaume, j’me dis que j’ai eu un plus de chance. Quant à Jean-Claude Lacoque, il n’a même pas pris le départ suite à une bronchite…   
Alors, si le cœur vous en dit, moi, je re-signe en 2013, car cette course est vraiment mythique.  
Mille mercis pour vos multiples encouragements, et rassurez-vous, j’y ai pris beaucoup plaisir.
Gilles peut en témoigner, d’ailleurs il m’a promis d’être présent pour ma prochaine édition,
alors merci l’ami…      
 
 
                                                                                            A très bientôt Millau…
 
 
Au faite, mais qu’est devenu ma bande de copain dans tout ça ?
Cyril a tenu le choc et termine à la 133eme place au général et surtout, il bat son record sur l’épreuve avec un très joli chrono de 10h12’18 (9,8 km/h de moyenne).
313ème pour Michel Murat en 10h57’10 suivi d’Eric Adamczyk à la 430em place en 11h25’57.
Voici mon trio masculin gagnant, bravo les gars.
Juste derriére vous, Guy Lacoste en 11h41’53 à la 526eme place.
Attention, il y a du lourd maintenant. Elle fait une très belle saison en course à pied cette saison 2011 et sera sur le podium pour le challenge départemental des Yvelines dans la catégorie V1F, c’est Mylène Michouland. J’aurai tellement souhaité l’accompagner au moins jusqu’à Saint-Affrique… Mylène finit les 100 km en 11h52’17 (8,4 km/h de moyenne) et à la 605eme place ou 47eme Féminine.
-« Dire que tu déposes mon copain Eric Tran Dang au 97e km et il n’a rien pu faire pour s’accrocher. C’est à 12 km/h que tu défiles dans les rues de Millau pour franchir la ligne d’arrivée. Arnaud a enfin pu se mettre en danseuse pour t’encourager jusqu’au bout, du grand art, la classe ! ».
Eric peut se féliciter de ses 11h57’11, et sa 640eme place, pas mal mon ami.
Guy Maraquin décroche la médaille en 12h13’52 (728eme). Il a résisté une bonne heure en compagnie de Mylène, mais la vitesse était trop rapide par la suite.
Seconde ovation féminine pour Anne Leleu qui décroche le Graal en 12h11’34, prend la 714e place et 57eme Féminine. Une belle saison 2011 en càp marqué par l’Eco Trail (80 km en 10h34’10, les spécialistes apprécieront), L’Annecime (81 km – 4 440 D+) en 15h53mn58, puis les 100 km…
Très bon et beau chrono pour Richard Pioche qui réalise l’objectif que je convoitais : 12h30’14 (835e) et 37e dans la catégorie… Pas très loin derriére, celui qui nous a bluffé, estomaqué, j’en reste encore baba, c’est notre ami Fabrice Wojtkow et ses 12h51’12 (971e). Il explose son précédent record. Mais qu’a-t-il fait pour si bien se préparer ? P’tre des grandes sorties dans les immenses parcs de l’ouest de USA ce mois d’aout ? Pourtant, il me console en me confirmant qu’il n’a pas fait de préparation spécifique.
Et vous, le croyez-vous? Tu as eu chaud, Xavier Mauban revenait tranquillement et surement sur toi en 13h12’34 (1109e).
Djima finit ses premiers 100 km en 13h26’11 (1211eme) et fait parti de mon podium féminin.
Wendy Dillon est juste derriére elle, un parcours en 13h27’23 (1220e). Wendy a respecté son pari, celui d’améliorer son chrono dans la plage des 13h, toutes mes félicitations.
En point de mire, Pascale Guillonneau arrache la médaille en 13h46’03 (1342e), un bel effort, qui a du la changer des 100 km de Vendée.
Michel Sireau et JB passent la ligne d’arrivée dans la plage des: 14h04’22 (1461e) & 14 h26’35 (1576e).
Pour le binôme féminin, c’est Nathalie Satarov qui finit la premiére en 15h27’24 (1827eme) devant Isabel Correia qui a avalé le bitume sur le retour depuis Saint-Affrique en 15h52’11 (1922eme), Bravo les filles !
Georges Foulonneau vous avait en visu 15h52’41 et 1936eme place. Désolé l’ami, nos routes ne se sont pas croisées, et j’aurai sincèrement apprécié de faire quelques pas en ta compagnie, c’est donc partie remise.  
Nathalie Chauvet ferme la boucle et peut se congratuler d’avoir franchie la ligne d’arrivée en 17h06’32 (2143e), je n’aurai pas fait mieux.
 
N’oublions pas ceux qui étaient parmi vous.
Je songe à Rodolphe Jacottin qui a du s’arrêter au 9e kilomètre suite à un claquage à la cheville.
A Daniel & Titi qui se sont garés à Millau, au 42e, sur blessure pour l’un et épuisement pour l’autre.
A Francis Guillaume qui a du renoncer au 45e km à la sortie de Millau suite à des gros soucis gastriques.
Puis notre ami Antoine qui est arrivé jusqu’à Saint-Affrique, remplis d’étoiles et de chandelles.
Je n’ose même plus vous parler de moi, …
           
Merci pour votre attention, suite aux prochaines crampes (non je ne l’espère pas !!!).