Souvenir du Raid du Golfe du Morbihan (56) en juin 2010   Rédigé par PRIN  LAURENT   le 04 Août 2010

Liste des articles

        

www.raid-golfe-morbihan.org/

« Nuit blanche entre Locmariaquer et Vannes … »

 

 

Préambule

 

            L’année 2010 sera p’tre l’année déclic, mais cette fois-ci, ma décision est prise, j’ai pour ambition de me lancer un nouveau défi, celui d’étendre ma distance et ma durée de course. J’ai l’objectif de participer aux 100 km de Millau en septembre 2011. Comme toutes ces longues courses mythiques, avant de si frotter, il est préférable de s’initier progressivement pour éviter les mauvaises surprises et savoir aussi si on est en mesure d’assumer ce genre de périple.

On peut dire que de fil en aiguille, aujourd’hui, le projet semble se peaufiner doucement mais surement. Le programme 2010 s’est orienté sur 2 marathons. Il y a eu Vienne (Autriche) en avril et il y aura  Varsovie (Pologne) en septembre. Entre les 2, s’est intercalé une longue sortie durant la période de Pentecôte : « La Transauvergne ».  Il s’agissait de la traversée de l’Auvergne du Nord au Sud avec 26 membres de l’AS Bazainville sur 5 jours en course à pied ou marche nordique.  Celle-ci tombait idéalement pour me préparer à affronter le Raid 56, ou communément appelé un ultra-Trail d’une distance de 86 km autour d’une partie du Golfe du Morbihan.

 

            Voilà, c’est ainsi que partant d’un rêve ou d’un projet complètement utopique, celui-ci se concrétise petit à petit en réalité. J’suis p’tre fada pour certains, ou trop ambitieux pour d’autres, difficile de répondre à tout ça. Beaucoup de coureurs et coureuses à pied se retrouvent aussi sur les mêmes interrogations auxquelles il m’est difficile de vous apporter d’éventuelles réponses.

En attendant, la passion et le plaisir de courir ne démord pas, pourvu qu’ça dure !

            Il est déjà plus de 21h00, en ce vendredi 25 juin 2010, nous déambulons joyeusement dans les rues semi-piétonnes de cette jolie préfecture du Morbihan : Vannes.

L’ambiance de notre groupe est sur le ton de la décontraction. Est-ce pour échapper au stress, ou simplement l’enivrement d’un chouette WE sportif en perspective ?

En effet, nous (de gauche à droite): Fabrice, Anne, Laurent dit Lolo,  Guy, Denis, moi Laurent & Wendy (Patrick n’arrivant que samedi matin), tous membres de l’AS Bazainville, sommes venus  pour participer à une course à pied programmée demain samedi à 17h00, depuis Locmariaquer.  Il s’agit d’effectuer un Raid de 86 km en 20 heures maximum (Course qualificative pour l’Ultra-Trail du Mont-Blanc ou UTMB = 2 points) et rejoindre la ligne d’arrivée à Vannes, si tout va bien. Un beau challenge n’est-ce pas, mais il y a plus fou ! En effet, l’organisation du Raid du golfe du Morbihan a également organisé deux autres ultras durant ce week-end : Trail 56 (Noyalo – Vannes : 56 km en 12 heures maxi avec départ samedi 26 juin) passe encore,  et le Grand Raid 56 qui lui fait le tour du golfe. C’est le plus long de France : Gloups ! (Vannes – Vannes : 177 km en 42 heures maxi, départ le vendredi 25 juin 2010 à 19h00).

Eh ! bien, les heureux élus de l’AS Bazainville (Alain et Jérôme) sont déjà sur les sentiers côtier du golfe à cette heure-ci, puisqu’ils ont pris le départ tout à l’heure depuis Vannes sur le Grand Raid… Pour mémoire, l’année dernière, seul Xavier avait bouclé  la boucle des 177 km en  30h39 min et c’était classé 107e sur 476 arrivants… et de nombreux coureurs de l’ASB furent contraints à l’abandon.

Hum ! Evidemment, nous autres, nous sommes sur une distance plus accessible, mais faut-il encore se surpasser pour y arriver ! Pour Guy, Patrick et moi, ce sera notre baptême pour ce type de  distance… Qu’importe, ce soir, place au plaisir de la table, nous décidons de déguster en terrasse quelques galettes et crêpes dans une des multiples crêperies de Vannes. La météo est très généreuse, il fait un temps extraordinaire. Même encore à 21h30, le thermomètre affiche plus de 28°C. Durant notre diner, nous recevons déjà quelques nouvelles d’Alain par SMS. Tout va bien pour lui. Il a dépassé Noyalo en 3h38 pour plus 30 km. Il nous confirme qu’il fait très chaud sur le parcours….


 

Bon, un peu déshydraté et sur ce bon élan,  suffisamment excité par notre challenge de demain, nous finissons la soirée dans un pub, le long du port, en face du village accueil du Raid, situé sur le Quai Eric Tabarly. Des images de la coupe du monde en Afrique du sud sont diffusées sur un écran géant. ! Les pays comme l’Uruguay et le Ghana rencontrent respectivement samedi la Corée du Sud et les Etats-Unis. Des matchs chocs sont aussi à venir ce week-end et les jours prochains pour les 8e de finales : Espagne/Portugal – Allemagne/Angleterre – Argentine/Chili – Euh ! Japon/Paraguay, chercher l’erreur. Allez ! Nous sommes raisonnables, nous reprenons la direction de notre hôtel, il faut penser aussi à se reposer et retrouver un peu de quiétude. 

 

 

Ce matin, au réveil, j’ai un SMS d’Alain à 8h00. Il se fait soigner le tendon d’achille à mi-chemin sur Locmariaquer. Il était classé 56e avant son arrêt, mais il semble décider à terminer… Arghhh !  Espérons que ce chiffre fétiche du département va lui porter chance…

En ce qui nous concerne, la nuit a été bonne pour tout le monde, et nous nous retrouvons tous autour d’une bonne table pour un copieux petit déjeuner dès 9h00 du matin, dans notre hôtel : Hôtel de Bretagne. Il est situé est plein centre ville, tout proche des remparts et des rues piétonnes. Il est idéalement situé, juste p’tre un p’tit peu loin de l’arrivée du Raid, quoique, on verra bien dimanche matin. Aujourd’hui, nous allons récupérer nos dossards au village accueil de l’organisation. Nous devons également faire valider nos sacs de courses : ceux-ci doivent contenir  une réserve d’eau de 1,5 litre minimum, une lampe frontale et piles de rechanges, carte d’identité, un téléphone portable, des réserves énergétiques, une couverture de survie, un sifflet, une réserve alimentaire, un brassard réfléchissant, un tube de pommade anti-inflammatoire, une bande de contention Elastoplast de 8 cm de large. Euh ! Quoi d’autres encore, un cierge en cas de coup dure, … lol.

Cette formalité se déroule juste derrière le stade de Football de Vannes, nous y retrouvons d’ailleurs Patrick. Il y a environ 600 participants inscrits sur le Grand parcours et plus de 800 sur notre Raid et environ 500 sur le Trail de 56 km.

Tout se déroule dans la joie et la bonne humeur. Il faut dire que l’ensemble des bénévoles au nombre total de 800 sur tout ce WE disposent de consignes qui semblent assez bien maitrisées. Tout est orchestré à la perfection. On peut dire que nos amis les Bretons savent nous accueillir. L’organisation est bien rodée et digne des grands rassemblements. Cerise sur gâteau, une fois les dossards en notre possession, chacun se voit remettre une belle boite à biscuit de la « Trinitaine », recouverte du logo du Raid et d’une photo du golfe du Morbihan, c’est original et surtout bien agréable. Il y a aussi une inscription évocatrice de rêve… enfin, à vous d’interpréter:

« 177 km autour d’une des plus belles baies du monde !

Le Golfe du Morbihan

2010 … j’y étais… »

 

Déjà 11h15, nous retournons à l’hôtel en zigzagants entre les étales des camelots et les badauds venus en masse faire leur marché. Nous déposons rapidement nos affaires et nous empressons de trouver un restaurant pour une dernière Pasta Party. Finalement, on trouve une bonne table dans une pizzeria : La Villa Valencia. Ce resto n’est pas très loin de notre hôtel, et la jeune serveuse est charmante. Elle doit courir cette nuit avec sa maman pour la soutenir sur le Trail 56. Sur cette bonne note, nous avons hâte de rejoindre nos chambres pour nous mettre en tenue de course et compléter nos sacs de courses. Le compte à rebours est bien enclenché. Nous avons rendez-vous à 14h15 devant l’hôtel.

J’ai motivé Guy à s’offrir, ce matin, une casquette saharienne. Elle fera partie de la tenue tout comme les lunettes, car le soleil risque de nous user aujourd’hui. On ajoutera un tee-shirt supplémentaire de rechange pour la mi-course. On a zappé le coupe-vent, privilégiant les cacahuètes, petits saucissons, pâtes de fruit et surtout beaucoup d’eau.

Oups ! SMS de dernière minute : Mauvaise nouvelle, Alain m’annonce qu’il vient d’abandonner au km 117. Douleurs du tendon droit et des 2 genoux : Respect M’sieur pour cette échappée au long court. Il faut savoir être raisonnable, et son choix est tout à son honneur...  On imagine un peu sa détresse !

 

H – 2h45 …

            C’est décidé, et nous ne pouvons plus faire machine arrière. Nous nous dirigeons maintenant vers le village accueil de l’organisation. A notre arrivée sur les lieux, le premier coureur est en approche, c’est Jean-François HARRUIS (VH2), l’ancien vainqueur de l’édition 2009. Il franchit la ligne d’arrivée en 19h35'53 d'efforts sous la canicule. Le thermomètre indique plus de 30° C. Malheureusement pour lui, il lui manque 2 pointages sur les 12. Les postes de contrôle n’étaient pas prêts, c’est ballot et il est pénalisé de 3h. Hum ! Il sera classé 2d. Oups, cela ne rigole pas ici, mais le règlement, c’est le règlement. C’est ainsi que l’autre régional Christian EFFAM (VH2) gagne le Grand raid en bouclant les 177 km en 21h07’33. Cela nous laisse qu’en même rêveur, qui peut mieux faire ?

On apprendra par la suite que sur les 574 inscrits, seul 261 coureurs rallieront la ligne d’arrivée, soit moins de 50 % de réussite, …

On ne se laisse pas déstabiliser et on se dirige derrière le stade de foot pour déposer nos sacs de rechange pour l’arrivée dimanche matin, si tout va bien… évidemment !

Allez ! Maintenant, on s’installe dans un des bus. Celui-ci ne dispose pas de climatisation, c’est une fournaise. Les copains s’installent dans le fond, moi, je m’installe sur une banquette aux côtés de Patrick et décide d’enfiler mon MP3. Je reste calme, et essaye de trouver le sommeil et de me détendre. On transpire à grosses goutes, l’attente est interminable. Pour finir, 2 personnes viennent contrôler et valider notre présence. Une fois cette formalité requise, notre bus démarre, ça y est, on va enfin regagner Locmariaquer, Arghhh !

Par la route, il doit y avoir une trentaine de kilomètres à parcourir, c’est lent mais on y va, c’est au moins ça. 

La musique dans mes oreilles m’évite d’écouter les différentes conversations des coureurs tous excités et prêts à prendre le départ. Cela me rappelle un peu le marathon de New York, Boston, le Marvejols/Mende ou encore Marseille/Cassis. En effet, toutes ces épreuves sont des courses en ligne, et il est souvent nécessaire d’emprunter les bus pour rejoindre le départ.  Pour moi, c’est le moment de détente ou je ne pense plus à rien, et je m’isole complètement.

Enfin, vers 16h15, nous débarquons en masse autour d’un stade de foot et complexe sportif de Locmariaquer. Il y a déjà beaucoup de monde.  Avant de me mettre sous les arbres à l’abri du soleil avec les copains, je m’autorise une pause technique et prends un café servit chaleureusement par une bénévole. Ensuite, direction les sous-bois où la plupart des coureurs se sont agglutinés pour patienter à l’abri du soleil. Dans l’entrefaite, mon pote Lolo et son épouse Nathalie me font la gentillesse de m’appeler par téléphone pour me donner quelques mots d’encouragements. J’ai aussi reçu des SMS d’encouragements de mes collègues comme celui d’Anne & Philippe. Ils participeront au Trail du Pays de Sully (78 – Rosny sur seine) demain matin pour 35 km. Ils me rappellent surtout de prendre un max de plaisir. Ils ont fait leur premier Ultra en mars dernier sur l’Eco Trail de Paris (80 km), et savent combien représente une telle distance comme celle que nous allons essayer de réaliser aujourd’hui… J’ai aussi un SMS de Michel qui doit faire le tour du Canigou dans les Pyrénées, Jean-Michel qui est sur l’eau à proximité du Golfe. Il est skipper sur la 13e édition de l’Armor Cup. Entre deux étapes, il aura d’ailleurs le temps de me suivre du début à la fin, c’est la classe ! Mon oncle et ma tante en vacances dans les côtes d’Armor ne m’ont pas oublié. Et il y a certainement aussi encore beaucoup de gens comme Rodolphe, notre entraineur et les membres de l’ASB, ma famille, mes proches, mes amis, et mes parents qui doivent penser à moi. Eux, ils sont dans les Alpes autour du Lac d’Annecy…

Bon, maintenant, il ne nous reste plus que 15 minutes avant le départ officiel, alors, d’un commun accord, nous décidons de regagner le SAS officiel. Nous sommes en théorie 819 inscrits prêts à nous élancer pour une course au long court qui doit nous mener à bon port à Vannes… 

Nous immortalisons notre présence par une belle photo de groupe puis nous nous encourageons tous mutuellement. Un speaker annonce quelques consignes pour la course, par exemple : La chaleur va être présente et il faudra revoir les chronos à la hausse et boire régulièrement. Pour valider notre course, on se doit de faire valider notre passage aux différents points de contrôle sous peine de 3h de pénalité. Il faudra aussi déplacer notre puce fixée autour de la cheville une fois franchi la ligne du départ et la positionner au poigné pour faciliter la lecture de nos temps de passages au check point. Voilà, c’est à peu prés tout, le speaker nous souhaite de prendre beaucoup de plaisir et TOP Départ, c’est parti les amis. 

En route pour une nouvelle aventure, nous sommes finement prêts…

Anne & Patrick, juste avant notre départ : Heureux qui, comme Ulysse… !

 

Top Départ 17h00 : de Locmariaquer à Auray via Crac’h (premier ravito à + 18,8 km)

 

J’enclenche ma Garmin (montre GPS Forerunner 310 XT), elle va se payer, elle aussi, sa première longue course. En théorie, elle dispose de 20h d’autonomie. La meute s’élance relativement doucement, il faut juste se frayer un chemin et ne pas perdre ses petits copains. Il y a beaucoup de poussière pour le moment, et nous sommes très rapidement ralentis par des files le long des parcs des ostréiculteurs. Nous nous étions légèrement séparés, mais maintenant, nous sommes au complet excepté Guy, qui a déjà pris quelques distances devant nous. 

Guy, Laurent (moi) & Denis, Wendy, Patrick, Fabrice, Anne & Wendy, et Lolo… & Anne (ah! Ces femmes)

Nous longeons le Golfe au plus proche de la mer qui est haute actuellement. Il y a quelques baigneurs qui se rafraichissent dans l’eau, ils doivent nous prendre pour des extra-terrestres. Ils n’oublient pas, tout de même, de nous encourager, c’est sympathique de leur part. Puis, les photographes professionnels sont déjà là pour immortaliser notre passage. Pour le moment, tout va bien, et il nous est facile de faire les beaux, en témoigne les précédents clichés. Nous imprimons un rythme de 6’40’’ au kilomètre, soit 9 km/h. J’assure le tempo en tête pour le moment. Denis m’invite à ne pas trop piocher pour le moment car la route va être longue. Très vite, Patrick nous laisse partir. Les encouragements de Fabrice et Denis  ne seront pas suffisant pour le motiver à rester avec nous. La chaleur est accablante et Patrick ne se sent pas au mieux pour le moment, il préfère marcher plus régulièrement et suivre son bonhomme de chemin. C’est ainsi que notre long périple se peaufine, Guy en tête, Patrick un peu en retrait, et nous autres, six, comme euh ! Les six doigts de la main… ou comme le sixième élément (chercher l’erreur, s’il y en a !).

 

En attendant, la meute s’est étirée, et les sentiers deviennent plus roulants. Nous poursuivons notre course cette fois-ci dans la campagne pour contourner Crac’h. Nous finissons par rejoindre le premier point de contrôle. Il y a un monde fou tous agglutinés devant les barrières « Nadar » à patienter bien sagement. Ici, c’est du sérieux, les commissaires de course valident notre passage en poinçonnant notre carte plastifié que nous avons fixé sur notre sac à l’aide d’un collier de fixation du type  « Riselant ». Puis nous passons notre puce électronique  que nous avons maintenant sur notre avant-bras devant un lecteur optique pour enregistrer notre temps de course. Ensuite, deux autres bénévoles  s’activent. Un vocifère notre numéro de dossard et l’autre inscrit sur un papier notre numéro… Hum ! Que d’énergie et de temps perdu pour si peu, mais bon c’est ainsi, p’tre en cas de perte d’un concurrent. Finalement, nous restons plus de dix minutes et Patrick nous rejoint. Il a le sourire complice et nous comprenons qu’il est bien, rassuré de nous voir et cela est réciproque. On lui fait quelques signes d’encouragements, mais nos regards en disent plus, tout va bien pour lui.  Nous voilà tous repartis, légèrement agacés par cet arrêt un peu long pour seulement ce dixième kilomètre franchit en 1h16. Allez, qu’importe, le principal s’est d’arriver à Vannes tous ensemble et quelque soit la durée. Nous empruntons maintenant une petite route goudronnée. Il y fait si chaud (au moins 40 °C) que le revêtement est en train de fondre.  Il est même préférable de courir sur le bas côté, c’est terrible cette chaleur, certainement un record de température pour la région… et on est dedans !

On rejoint un très joli lotissement où les filles s’autorisent une pause technique dans de vrais sanitaires autour d’un terrain de foot, l’endroit est bien agréable. En attendant, cela semble urgent, des maux de ventre sont à l’honneur également pour Fabrice et Laurent… Cette chaleur va vraiment nous user !

Bref, après cet interlude, on enchaine notre périple. Mais, cette fois-ci, dans une légère descente, toujours sur un revêtement chaotique souvent parsemé de pierres et un terrain en devers. Et c’est Anne qui se met à hurler surprise par une gêne. Sur le coup, je pense de suite à une entorse de la cheville. Finalement, elle vient de se faire piquer par une bestiole sur un doigt…  (Frelon, guêpe, moustique (lol) …). Nous essayons de la rassurer, mais elle a vraiment mal.  Un peu désemparé, on la motive à rejoindre le prochain ravitaillement qui n’est plus très loin maintenant. Dans l’entrefaite, nous croisons des riverains qui nous encourageaient, et une charmante dame propose à Anne de lui mettre un peu de vinaigre sur sa plaie. Eureka ! Cela semble la solution miracle, à défaut de flamme, Anne reprend la tête de notre cortège et cela jusqu’à notre premier ravitaillement sur Auray – Saint Goustan. 

Nous venons de parcourir plus de 18 km en moins de 2h30, pas terrible, mais « qui va piano, va sano », n’est-ce pas ! Ouf, l’endroit est très sympa et bien ombragé. C’est le moment de boire de l’eau fraiche et refaire le plein de nos « Camel bag ». Il y a beaucoup de monde au ravitaillement, mais il est possible de se nourrir et de boire à notre aise.


 

Je m’assois sur un banc aux côtés d’un homme qui est sur une autre planète, un peu carbonisé dans le jargon des coureurs. En faite, cet homme courre depuis plus de 24h, il est sur le parcours du 177 km.

Mes encouragements ne lui sont pas d’un grand réconfort, et je comprends qu’il est sur le point d’abandonner. Au demeurant, je préfère lui parler et m’assurer qu’il dispose suffisamment de conscience pour ne pas faire un malaise. Depuis notre départ, nous avions déjà croisé quelques surhumains comme lui, c’est incroyable de voir ces gens, ils sont encore plus fou que nous… ce sont des zombies courants tous de guingois, c’est impressionnant. De plus, ils ont beaucoup de mal à nous répondre par épuisement, quel courage. Allez !  Ne nous laissons pas impressionner par l’ampleur de la course, cela fait partie du challenge et des risques encourus pour l’ensemble des participants.

Magnifique, c’est Patrick maintenant qui arrive lui aussi au ravito, il est toujours impeccable. Nous échangeons rapidement quelques mots puis reprenons notre route au bout de 20 bonnes minutes de repos, c’est qu’on se refroidit rapidement !

 

Et encore une p’tite tournée… ! : D’Auray via Le Bono à Larmor Baden (Le Paludo)

(2d ravito au 42e km)

 

            Tiens, Lolo est interpelé par le fan club venu en masse applaudir leur copain, un dénommé  « Teuteul » mais se nommant Laurent. Alors, évidemment, cela  créé des liens… Nous remercions avec des grands gestes tout le fan club  qui nous le rend bien d’ailleurs par quelques clichés. Nous avons du faire un peu d’animation pour les touristes qui ont accaparés les terrasses des restaurants de Saint-Goustan. Il faut dire que l’endroit est fort sympathique : vue sur un bras de mer où les bateaux sont tranquillement au mouillage, c’est très joli. Cela nous donne des idées, et on se dit tous que demain soir, ce sera à notre tour d’y être devant un bon verre et une bonne assiette à contempler le paysage et refaire la course (Enfin, si possible…).

 

 

Arrivée du premier ravito à AURAY, la fine équipe et les terrasses de Saint-Goustan.

 

L’euphorie est de courte durée, car à la sortie d’Auray, il faut à nouveau faire une bonne halte pour Fabrice, Lolo puis Denis. Nous sommes tous plus ou moins dérangés par une gastro. J’étais aussi moyen dès le départ, mais heureusement, Denis nous donne un comprimé d’Imodium. Nous sommes certainement très déshydratés, il faut gérer au mieux… Bah ! L’humour est de rigueur, et cela n’empêche pas les rigolades à n’en plus finir (des vrais pipelettes), on a tous le moral au beau fixe pour le moment.


Lolo, Fab., Denis, Wendy, moi, puis à nouveau Fab. & Denis, Wendy & Anne dans l’effort, et le golfe du Morbihan… 

 

Nous arrivons maintenant au 23e kilomètre dans un splendide village. On y accède en traversant un joli petit pont: Le Bono.  Il y a beaucoup de monde à nous acclamer, et toujours le fan club de « Teuteul » qui est juste devant nous. Il faut à nouveau faire poinçonner sa carte et valider notre temps de passage, mais la formalité est expéditive, cool. A ce moment, nous avons une pensée pour Alain qui a probablement stoppé sa course ici à son 117e km à cause d’Achille. C’est vrai que l’endroit était parfait pour finir sur une bonne note…

L’arrivée sur Le Bono …

 

Désormais, on peut dire que la course est belle et bien établie pour nous tous. Il est déjà 20h30 pour plus de 25 km. La fatigue nous gagne petit à petit, pour ma part, pas de signes alarmants. J’ai de bonnes jambes, pas de douleur particulière, juste un petit bobo à l’avant pied droit, mais je le gère. De toutes façons, je ne regrette pas d’avoir chaussée mes Trails (même si elles sont plus lourdes que mes running classiques), car les sentiers sont truffés de pierres et toujours en léger devers sur certaines portions. Mes appuis sont meilleurs et mes pieds sont mieux protégés contre la rocaille. L’allure est devenue constante stabilisée à 8 km/h ou moins de 7’30’’ au kilo.

Le trentième kilo sera marqué par une chute ventre à terre de Wendy. C’est la p’tite frayeur passagère, bon, à priori, pas de bobo, nous décidons de calmer un peu le jeu et marchons pour reprendre du jus. Le secteur est assez marécageux, il faut par moment éviter quelques trous d’eau (les seuls du parcours d’ailleurs) et il fait toujours aussi chaud même si les rayons du soleil commencent à s’atténuer. Nous retrouvons un secteur plus habité, il y a d’ailleurs beaucoup de gens à table, ils ne cessent de nous applaudir. Il faut dire que la météo est propice aux apéros à gogo & BBQ. 

On a tous repris la course à pied, nos échanges sont plus rares, on imprime à nouveau notre rythme régulier de 8 km/h et cela jusqu’au Check Point du 36e de Larmor Baden (Le Dreven). Ici, on restera au moins 25 minutes, simplement pour faire poinçonner nos cartes et enregistrer nos temps de passage. Certains coureurs sont obligés de présenter leurs sacs, une vérification est réalisée par les organisateurs. L’attente semble interminable, et pas moyen de comprendre pourquoi il y a un tel ralentissement. Finalement, nous repartons sans avoir eu de ravitaillement. Il n’y a plus rien, et nous nous sommes énormément refroidis. Arghhh ! Allez, pas grave, de toutes les manières, nous n’avons pas de chrono à défendre, juste la volonté de rejoindre l’arrivée tous ensemble. Nous décidons de reprendre la route en priorisant la course à pied, histoire de nous réchauffer et retrouver les bonnes sensations avant notre prochain gros ravitaillement du 42e kilomètre (presque l’équivalent d’un marathon).  

Chouette, à mon tour, comme les p’tits copains, je reçois un SMS de ma compagne Pascale. Mais, la palme d’or reviendra quand même à Fabrice et Anne. On peut leur attribuer une distinction pour toutes les conversations et SMS passés par leur téléphone, des pros… Blague à part, recevoir un peu de lecture et une multitude d’encouragements, c’est agréable et d’un grand réconfort moral.

Ah ! Tiens, il y a aussi un SMS plein d’humour d’Alain. Son message est divisé en deux parties. Je reçois la première information qui nous rappel qu’aujourd’hui c’est la pleine lune. Au couché du soleil, la température va bientôt diminuée, ça c’est la bonne nouvelle, par contre durant la nuit, il a oublié de nous dire…

C’est maintenant au tour de Lolo de lire la suite :

-« Eh ! Les amis, Alain nous informe qu’il y a plein de moustiques la nuit, p… ! ». 

            Bon, le moral est toujours là, la soirée s’annonce au beau fixe malgré ces recommandations bienveillantes…Finalement, je me retrouve en tête en compagnie de Denis, nous avons calé notre allure et sommes d’une bonne régularité. Il nous tarde d’arriver aux 42e maintenant.

Le couché du soleil, enfin…,  autour du Golfe du Morbihan.

 

La pénombre avance à grand pas, et je me résigne d’installer et d’allumer ma lampe frontale pour rallier le ravito de Larmor Baden (Le Paludo). Au demeurant, ce luxe ne me permet pas d’éviter les cailloux et racines. A plusieurs reprises, je manque de m’étaler au sol, hum ! Voilà, j’arrive au grand ravitaillement vers 23h06 (soit 6h06 pour 42 km), la moyenne n’est pas terrible, moins de 7 km/h, mais le principal est d’être en forme pour la suite.

Waouh ! Il y a un gros comité d’accueil ici : Musique, lumière champêtre, des grands barnums un peu partout et plein de concurrents plus ou moins en bon état d’ailleurs. Il y a aussi pas mal de public pour nous applaudir dès notre arrivée et pour ceux qui repartent…  Denis me fait signe, il est arrivé avant moi. Il s’est déjà installé autour d’une table et avale une « souplette ».  Je m’assois quelques instants puis,  avant de me ravitailler, je préfère me laver le corps et le visage. Ensuite, j’enfile un tee-shirt sec et mes manchettes. Je n’oublie pas d’apposer un peu de vaseline sur ma poitrine (fourniture Denis). Enfin,  je retire mes chaussures et chaussettes, et à l’aide de quelques lingettes (merci encore Denis, une vraie mère pour moi !), je me nettoie les pieds noirs de poussière. Je découvre une ampoule sur l’orteil droit, ce que je pensais, mais rien de grave. Alors, avant de me rechausser, j’applique uniformément une crème hydratante. Les coureurs disent : « je me NOK » (NOK : référence de la crème AKILEINE, le nec en course à pied). Voilà, je suis tout propre, mais qu’est ce que je me suis refroidi. De plus, j’ai des courbatures dès que je veux serrer mes lacets. Dans l’entrefaite, les p’tits copains arrivent au fur et à mesure. Anne est au plus mal. Elle a terriblement mal au ventre, et se dirige directement à l’infirmerie de service. Lolo et Fabrice discutent avec « Teuteul » et son fan club. Chose étrange, nous sommes tous parqués à l’intérieur d’un mini-village protégé par des barrières « Nadar », et le public nous regardent derrière celle-ci. Je suis partagé entre l’idée, ou, on nous observe comme des surhumains, ou, comme des bêtes… c’est assez étrange. Bref, je décide d’aller me ravitailler. Nous sommes reçus comme des seigneurs : plateaux repas de cochonnaille, soupe chaude, Breizh Cola, eau plate et pétillante, etc … Les bénévoles sont à nos petits soins, c’est super. Finalement, seul le gâteau de riz, la compote de pomme et une banane me feront plaisir.

Entre temps, Anne a suivi les conseils des médecins, elle est allée dormir 10 minutes dans le secteur dortoir. Pour ma part, j’écoute les conseils de Fabrice :

-« Je vous conseille de ne pas vous diriger vers le dortoir de campagne, cela pourrait vous casser le moral… ».

Effectivement, j’imagine bien l’endroit : sombre, assez glauque et réservé aux concurrents complètements épuisés ou très mal… Déjà qu’à coté de moi, il y a deux bancs où tout un tas de coureurs (euses) sont assis avec une couverture de survie, les yeux hagards et plus que pensifs... Ils viennent probablement d’abandonnés  et attendent un bus pour rallier Vannes. Hum !

 

            Eureka, Anne revient de sa petite sieste, elle est hyper bien, comme réparée, quel courage.

Grrrr, j’ai des frissons, et tremble de froid. Pourquoi n’ai-je pas mis ma couverture de survie ?

Et maintenant, comment vais-je pouvoir rejoindre Vannes ?

Le doute me submerge, je vais avoir de la misère pour rejoindre le prochain ravito des 60 km, cela me semble insurmontable et irréalisable. Va s’en dire, j’allume ma lampe frontale, notre groupe se reforme et repart, la fleur au fusil, pour une nouvelle aventure qui va être longue, longue …   

 

  « Et que la force soit avec nous… » : De Larmor Baden(Le Paludo) à Arradon (Le Moustoir)

(3e ravitaillement au 60e km)

 

            Il y a encore quelques supporters pour nous encourager, il est tard, plus de minuit. Nous sommes restés plus d’une heure et nous saluons Patrick qui arrive lui à son tour. Nous validons notre départ au point contrôle, puis très vite, nous nous retrouvons seuls sur nos petits sentiers côtiers que nous avons bien adoptés. Heureusement, la pleine lune favorise notre vision mais il faut rester vigilant pour éviter les chutes. Nos lampes frontales sont efficaces, mais elles ne nous empêchent pas de buter sur ce qui peut dépasser des chemins. Nos jambes sont lourdes. Finalement, je me réchauffe rapidement en courant, mais je ne suis pas au mieux de ma forme. Anne reçoit un appel téléphonique de Guy. Il est au ravito du 60e km mal en point. Il  a un problème gastrique, et Anne lui conseille de se reposer un peu, et cela devrait rentrer  dans l’ordre. 

 

Nous croisons un homme, dossard jaune = Grand Raid de 177 km. Il vient vers nous à contre sens.

-« Je viens de louper le ravito de Larmor Baden, comme si j’avais besoin de ça », nous dit-il !

Interloqué, on essaye d’imaginer comment cet homme a pu zapper le précédent ravitaillement. Il devait être complètement perdu ou sur une autre planète. C’est ballot pour ce pauvre homme, il nous fait peine. Notre allure va plutôt décrescendo, je suis à la traine et pourtant encouragé régulièrement par les petits copains.

-« Comment vas-tu Laurent », me demandent-ils ?

-« Ca va, ça va, j’suis moyen, mais je m’accroche. Heureusement que vous êtes là ».

Des paroles et des accolades amicales qui font chaud au cœur et qui vous motivent à souhait, et c’est d’ailleurs comme cela que je m’étais imaginé ce long périple.

 

Je ferme souvent la marche avec Wendy, mais nous restons dans l’allure sans être trop distancés. Wendy m’encourage à prendre quelques pâtes de fruits, même si rien ne fait envie. Je l’écoute et m’exécute. Je décide d’enclencher mon MP3.

Yes, je tombe sur un morceau de Nougaro : « Dansez sur moi », puis cela enchaine avec Bruce Springsteen en concert. Cette musique me donne un relent d’énergie, c’est fabuleux. Incroyable, mes sens sont en éveils et j’ai l’impression de revisiter ces morceaux que je pensais vraiment connaitre.

En attendant, cela ne me permet pas d’éviter les racines et cailloux le long du parcours. Wendy se retourne régulièrement et s’assure que je suis toujours débout. Les kilomètres déroulent doucement mais surement, le 47e carillonne comme une aubaine. Je m’étonne de voir tous ces kilos défiler comme rien. De toutes les façons, je me dis que c’est que du bonus et toujours ça de gagner. On arrive au check point sur une des communes de Larmor Baden au km 50.

Ouf ! Quelques supporters, des autochtones visiblement,  font les badauds et nous interrogent, comme interloqués et surpris par nos exploits :

-« Alors, combien de kilomètres venez-vous de parcourir ? ».

-« Euh ! On vient de faire 50 km, plus que 36 … » en regardant ma montre GPS.

-« Eh bien ! Bon courage, nous, nous allons nous coucher ».

L’idée de retrouver une bonne couette nous interpelle,  certes, mais ces quelques paroles nous ont  redonné de l’énergie. Et puis, moralement, 36 km, c’est le début de la presque fin. 


 

L’arrivée vers le ravito du 60e n’est pas la plus facile. Il y a une succession de petites montées et descentes très accidentées dans la pénombre, c’est usant. Heureusement, par moment, il y a de l’animation dans les différentes villas que nous longeons : musique à gogo, fin de BBQ, ou début de soirée de débauche… Il faut dire qu’il est plus de 2h30 du matin … Oui, nous finissons par rejoindre le ravito sur la commune d’Arradon (Le Moustoir) après plus de 10h de course, ça commence à devenir réellement difficile pour tout le monde.   

 

Euh ! Cola, souplette, un peu de téléphone. Quoi d’autres… Arghhh !

 

J’ai espoir de ne pas rester aussi longtemps que sur Larmor Baden. Je profite de ce repos pour vérifier l’état de mes pieds. Bon, pas de soucis pour mon ampoule sur l’orteil droit, l’état est stationnaire. Je secoue la poussière de mes chaussettes et les remets convenablement.  Je croque une pomme et boit un Cola pas très frais. Pouah, pas terrible ! Je me cale aux cotés de mes camarades à même le sol et m’allonge 5 minutes, les jambes relativement en l’air, mais j’ai froid. L’instant sera de courte durée. En effet, je suis rapidement réveillé par la projection de la soupe d’Anne. Disons, que ça réchauffe…

 

« La 6e Compagnie au clair de lune… »

En route pour Arradon (Morèac)

(le dernier ravito au 72e km.)

 

            Cette fois-ci, nous sommes restés juste une petite demi-heure, je me suis quand même refroidit, mais ça va, je reprends le rythme. Nous sommes informés de l’arrivée de Guy qui boucle le périple en 10h49, c’est la grande classe :

 

BRAVO MÔSSIEUR, 54e au général et 21e  dans sa catégorie

Le top était d’arriver 56e pour avoir une récompense en l’honneur du numéro du département… C’est ballot ! C’est le prix à payer quand on va un peu trop vite. (Gag)


 

Nous autres, quand nous arriverons, il fera jour, probablement… Gloups. Allez ! Courage, il ne faut pas se démoraliser. La nuit est à nous et puis, pas de regret pour le bain de minuit, la mer est basse et le golfe très envasé. Tant pis… (En plus, je n’avais pas pris mon maillot de bain…).

Qu’importe, nous avons une autre mission, celle de rejoindre à notre tour Vannes. Nous alternons notre progression entre course à pied et plus souvent en marche active. Notre vitesse restera figée maintenant à 10 minutes au kilo, soit 6 km/h. Nous sommes au taquet comme on dit… (plus de jus)

 

-« Eh ! Wendy, on t’attendait. Que dewiens-tiu ? Je souis epouisée et mal aux jambes ».

 

Notre progression est lente, le sommeil nous envahit. Pour ma part j’ai les paupières lourdes. Il faut dire que nous sommes inspirés par l’ensemble des coureurs que nous laissons sur les bas côtés des petites routes et sentiers. Beaucoup sont allongés recouvert d’une couverture de survie. Même nos parlottes ne les dérangent pas. En attendant, ils semblent confortablement installés.

Courage, volonté, persévérance, voilà trois mots qui en disent long à ce moment de notre périple. Le doute s’installe sur la raison d’un tel acharnement à vouloir réaliser une telle distance, cela semble si long et interminable. Maintenant que nous nous sommes familiarisés avec notre parcours et l’environnement, on comprend bien que nous ne cessons pas de « tricoter » ce Golfe. On aperçoit un halo de lumière dans le fond, c’est l’éclairage de notre précédent Ravitaillement, sur Arradon (Le Moustoir). En faite, nous sommes allés au bout du golfe, comme au fond d’une crique pour revenir, et cela sur plus 10 km.

On se consoler en se disant que l’on aperçoit les lampes frontales des autres concurrents se dodeliner au loin. Eux, ils leur restent aussi ce que nous venons de faire. Tiens, le carillon de 5h à ma montre retentit, « La Palice » frappe fort à cette heure si avancée de la nuit, ça vole haut les réflexions, et calculent hyper savant…

 

Bingo ! Il faut se faire une petite boucle dans un p… de beau quartier type résidentiel très boisé et vallonné pour revenir par la suite sur nos pas et valider notre passage par les commissaires de courses.

Bon, il nous reste peu à faire avant notre prochain et dernier ravito. J’ai retrouvé un peu d’énergie à l’inverse de Fabrice qui faiblit. Lui, il avait la forme tout à l’heure. Euh ! Pour être honnête, c’est depuis le début de la course, excepté les soucis de gastro, que Fab tenait la forme. Maintenant que l’on reprend la course, il est légèrement abattu.

 

Yes, on aperçoit au fond de notre sentier le barnum du ravitaillement, c’est le 72e km, ça fleure bon la fin.

 

                             « Et si nous en finissions à Vannes ? »

D’Arradon (Morèac) à Vannes, il n’y a qu’un pas pour rejoindre le 86e km !

 

         Si tôt arrivé, si tôt Anne et Denis s’allongent  chacun sur un banc d’école, vous savez ceux qui font 30 cm de large. Et bien, qu’importe la largeur, car en l’espace de quelques secondes, ils sont déjà dans les bras de Morphes, confortablement installés en position latérale couché. Incredible, isn’t it!  

Le cola, l’eau pétillante et l’eau plate pas fraiches,  ras le bol… Pouah, beurk !!!

Moi qui rêvait d’un bon  "Pschitt Citron"…

 

Il faut quand même faire un petit effort, pour s’alimenter, mais bon, sa sature à bloc, plus rien ne passe.

Je retire à nouveau mes chaussures, enlève et secoue mes chaussettes. Cool ! Mes pieds sont en bon état. Je referme tout ça, on va reprendre la route rapidement pour éviter de se refroidir.

5h du matin, j’ai des frissons, … Oui, c’est un air que nous connaissons bien et il faut se faire violence pour relancer la machine qui doit tenir pour rallier l’arrivée.

Nous repartons tranquillement sur les deux prochains kilomètres, nous sommes en rase campagne, comme légèrement écarté du Golfe. On profite de cet instant pour refaire chauffer la machine avant de relancer les chevaux…

Maintenant, j’ai retrouvé les bonnes sensations de la course à pied. J’apprécie ces moments matinaux et suis attentif aux chants d’oiseaux, c’est bientôt le levé du soleil, il est 5h30.

Et oui, déjà, une nuit entière au clair de lune qui s’achève . Très vite, aux premières lueurs du soleil, j’éteins ma lampe frontale et m’empresse de demander à Lolo de bien vouloir me la remettre dans mon sac à dos. Elle commençait à m’agacer. Je reste quand même vigilant et suis de très prêt Lolo qui m’ouvre le chemin. Il y a encore quelques passages sombres dans les sous bois. Nous enchainons alternativement les kilos soit à 8 km/h soit à 6 km/h.

Il fait maintenant grand jour à 6h00 du matin, j’ai un moral au dessus de tout, je suis admirablement en superbe forme. Le sommeil a complètement disparu, je n’ai pratiquement plus de douleurs aux jambes, en faite, je suis prêt à faire mon footing du matin.

 

Anne, Denis, Lolo et moi sommes tout les 4 au devant du peloton, et arrivons à l’avant dernier Check-Point. Les commissaires sont à la bière…, et ils semblent un peu lents à enregistrer convenablement notre passage, cela nous fait bien rire. Allez ! C’est parti pour la dernière ligne droite comme on dit.

Guy m’appelle sur mon portable, il commence à s’impatienter de notre arrivée et se propose de venir à notre rencontre et passer tous ensemble la ligne d’arrivée qui nous tend les bras.

 

Waouh ! Il est trop fort Guy…     

    

Moi Laurent, Denis, Lolo, puis Wendy & Fab. en déconfiture mais heureux…

 

Cette fois-ci, plus rien ne peut nous arriver. Personnellement, j’ai enclenché la vitesse automatique, et poursuit l’aventure en compagnie de Lolo. On relâche de temps en temps l’allure et attendons nos petits copains. Wendy est escortée par Fabrice, quel galant homme…  

Il faut encore enregistrer notre passage au 82e kilomètre. L’endroit est situé à l’extrémité de l’embouchure du port de Vannes. Nous saluons une dame qui ouvre juste à l’instant ces volets. Elle nous salue bien. Elle nous informe qu’elle a fait une excellente nuit, nous en sommes fort aise…

 

Plus que 4 kilomètres…

 

Guy s’était installé sur un banc, et patientait bien sagement. Voilà, il arrive à notre hauteur, il est impeccablement frais. Il nous demande ironiquement si nous n’avons pas inversé notre plan de préparation avec la marche nordique,… L’humour est la bienvenue, et acquiesçons légitimement. C’est vrai que notre périple fut interminable, mais quelle joie de tous nous retrouver.

 

Nous enchainons les 3 derniers kilomètres en compagnie d’une femme qui finit son Grand Raid de 177 km.

Notre élan lui redonne de l’énergie, elle s’accroche à nous, le sourire aux lèvres. Elle a, elle aussi, la satisfaction de finir en courant le périple, mais en plus 37h, ce qui reste un beau chrono, croyez moi.

Laurence MOREL, 201e et 7e dans sa catégorie, la grande classe. Nous laisserons le bonheur à cette Laurence de terminer son épreuve seule.

 

Oui, en effet, nous attendons patiemment Wendy et Fabrice sur un magnifique banc face à l’arrivée sur Vannes. Impossible de franchir cette ligne sans être tous ensemble, c’est évident.

 

 

Ouf ! Plus que quelques pas tous alignés face à ce 86e  km et BINGO !!!

Un périple bouclé en 14h49… et 1300 m de D+. Que vous dire de plus, c’était G…

On sera classé 412e à 417e sur 586 arrivants.

Patrick  est également en approche, il finira lui aussi son périple  en  18h31 en compagnie  d’un autre concurrent.

 

Le Raid 56 s’est gagné en 7h 35’52 par Olivier LE GUERN…

 


 

Encore des milliers de souvenirs resteront longtemps dans nos mémoires, c’est évident.

Nous avons partagé des moments forts entre copains, copines, et c’est p’tre aussi ça qui nous motive tous à vouloir poursuivre ce genre de périple au long court…

Merci à vous tous mes amis, car vous m’avez permis de concrétiser un rêve qui me semblait si inaccessible. Sans l’équipe, y serais-je arrivé ?

 

Guy, impérial, si vous avez eu la chance de le croiser !  Patrick et son pote d’un jour…

 

RENDEZ-VOUS A MILLAU

POUR LES 100 KM EN SEPTEMBRE 2011, … QUI PLUS EST, LA 40e EDITION.

Les « After »

A côté des planches de Carnac… Dimanche après-midi, … ça bronze un max !

Souvenir, souvenir…


 

 


 

Le Raid 56 n’a plus de secret pour nous, on connait une partie du parcours maintenant…

 

 

Une attention particulière à l’ensemble des personnes qui nous ont suivies de loin par la pensée ou bien par vos multiples SMS ou appels téléphoniques durant notre périple, 

aux photographes/reporters qui m’ont permis d’agrémenter ma bafouille,

à votre patience d’être arrivée jusqu’à la page 20…

 

                                                                                                       Merci