Trans Auvergne en mai 2010   Rédigé par PRIN  LAURENT   le 06 Juil 2010

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Epilogue

 " Découverte active de l’Auvergne par l’AS Bazainville …"
 
C’est en novembre 2009 que la décision ferme et définitive a été prise pour 26 membres actifs de l’AS Bazainville : Celle de s’engager et de participer à la « Transauvergne » durant le WE de Pentecôte. Une balade en marche Nordique ou en course à pied, sans chrono, mais juste 5 bonnes journées découvertes entre nous, pour traverser une partie des volcans d’Auvergne du Nord au Sud, entrecoupées d’étapes quotidiennes en gite ou villages vacances.
Il fallait trouver un WE à rallonge pour l’agrément de tous et cibler une période de l’année pour le beau temps en cette veille d’été. Or, cette année 2010, les frimas de l’hiver n’ont cessés de nous décourager tellement le froid et mauvais temps ont persistés. Dix jours encore avant notre départ, la neige et le brouillard  menaçaient l’Auvergne et bien d’autres secteurs montagneux en France… grrrr
Bref, pourtant, on se devait de préparer nos valises pour tous nous retrouver et commencer notre périple programmé dès le jeudi 20 mai  en fin d’après-midi pour se terminer le 24 mai 2010, dit lundi de Pentecôte. Cette année, la destination ne sera pas la découverte des sentiers de la Lozère sur les traces des chemins de Stevenson, comme en 2009, mais cette fois-ci, la découverte de l’Auvergne en partant du Puy de Dôme (Nord de l’Auvergne) depuis Laschamps commune de Saint-Genès-Champanelle pour rallier le Sud au niveau du Plomb du Cantal (1855 m) à Super Lioran via le Puy de Sancy (1885 m), soit les 2 Massifs culminant l’Auvergne. A vol d’oiseau, cela doit représenter au bas mot 100 km l’équivalent de 4 cartes IGN à l’échelle 1 /25 000e ou un déploiement des cartes au sol de plus de 4 m (gag, on peut rire hein, ça détend). Hum ! Tout un programme. Le parcours a été étudié avec minutie au préalable par Rodolphe, notre entraineur et qui plus est, l’élaborateur et l’organisateur pour la mise en œuvre du périple. Nous aurons la mission de suivre principalement les GR (circuit Grande Randonnée) à 70% mais sur différents (GR4, 30, 330, 400, 441…), 20% en PR (Petites Randonnée) ou petites routes et le reste en azimut. Cela nous mènera directement sur nos lieux d’étapes successifs: Laschamps, Le Mont Dore, Parrot (Massif du Cézallier) & Le Claux (Cantal). Le sens de l’orientation, les cartes IGN, les boussoles, les GPS seront donc nos alliés, à nous de bien les utiliser... pour ne pas se retrouver à Paris !
 
Eh ! bien, cette balade, je vais vous la faire partager de long en large, car on peut dire qu’elle nous a laissé beaucoup de bons, voir de très beaux souvenirs qui resteront longtemps marqués dans nos têtes, avec comme un p’tit goût de reviens y…  
 
Les participants :
Rodolphe et Murielle, Thierry dit Titi, Marie-Claire et Richard, Isabel, Pascale et Laurent, Patrick, Carole, Michèle, Véronique, Antoine et son fils Julien, Francette, Nelly, Guy, Gil et Nathalie, Marc et Dominique, Griselda, Alain, Brigitte, Roger et Sabrina
Les étapes :
5.      Cinquième journée: Le Claux pour rejoindre Super-Lioran et le Plomb du Cantal 1855 m via le Puy-Mary depuis le Pas de Peyrol (1588 m)


" La mise en jambe… " 
Première journée : Ascension du Puy de Dôme 1465 m
 
C’est à 13h30, en ce magnifique jeudi mois de Mai …, qu’Isabel, ma compagne Pascale et moi-même Laurent quittons notre commune de Galluis, pour rallier l’Auvergne en voiture et rejoindre notre première étape à Laschamps (967 m), commune de Saint-Genès-Champanelle.
Dés notre arrivée vers 17h15, nous déposons nos affaires dans une des grandes chambrées du gite puis enfilons rapidement une tenue de marcheurs et coureurs et oups ! Direction en voiture au pied du Puy de Dôme. Nous déposons un premier véhicule sur le parking devant le « chemin des muletiers », puis Murielle nous achemine là où nous avions laissé nos petits copains au préalable. Et oui, pour pouvoir courir ou marcher, il faut déjà compter sur une organisation. Cela semble si facile quand tout a été calculé…
Rodolphe et Thierry (dit Titi) m’attendent pour l’ascension de notre premier col en course à pied au Nord du Puy de Dôme. Pascale, Isabel, Marie-Claire et son époux Richard vont attaquer eux aussi le même parcours mais, en marche Nordique.  Le départ se fait assez bien en petite foulée. Le dénivelé n’est pas encore terrible. On croise rapidement d’autres coureurs en sens inverse, les autochtones semblent coutumier de l’endroit, comme leur terrain de jeu quotidien. Rodolphe connait très bien aussi l’endroit, il n’y a qu’à le suivre. Très vite nous sortons d’un secteur boisé au fur et à mesure de la grimpette pour arriver sur un endroit plus dégagé. On notera que les sentiers sont gorgés de pierres volcanique, comme c’est étrange, n’est il pas ! La végétation est en pleine effervescence, depuis les quelques rares premiers rayons de soleil du mois d’avril et mai et cela ne fait qu’embellir la nature, c’est très joli.
Maintenant, j’ai déjà quelques goutes de sueurs qui me ruissellent sur le front, on peut dire qu’au bout d’une bonne demi-heure, je suis chaud. On observera régulièrement le point culminant que nous rejoindrons toute à l’heure avec son immense antenne Telecom. Celle-ci surplombe le Puy de Dôme à plus de 1 465 m. L’environnement est magnifique et nous nous réjouissons tellement le paysage est beau et surtout parce que tout le monde travail! On observe différents anciens volcans (Puy de Côme, Pariou, Balmet, Fillu), dont celui de la publicité qui est l’image emblématique de l’eau de source de « Volvic ». Il est juste sous nos pieds, plein Nord. On imagine très bien le cratère et la végétation qui a remplacé le volcan en éruption il y a moins de 8 000 ans maintenant…
Au fond, Le Puy de Dôme …
Nous enchainons en alternant course et marche quand le dénivelé est trop fort. Puis, nous arrivons sur un escalier en bois. Il est obligatoire de le prendre pour respecter l’environnement et limiter la dégradation du site. Nous finissons l’ascension en regagnant une route bitumée, la seule et unique. Ici, le dénivelé est très important. Rodolphe nous précise qu’il existe une course annuelle qui part de Clermont-Ferrand pour finir en haut du Puy : « La montée du Puy de Dôme » programmée le 19 juin 2010 prochain. Un parcours de 14 km avec un dénivelé positif assez fort (1024 m), mais surtout ici, lors de la dernière côte. Elle se gagne en 1h06 (2008), chrono de spécialiste, évidemment !
1465 m, voilà, nous immortalisons notre présence comme trois extra-terrestre par une photo souvenir et le tee-shirt de l’ASB en main en guise de drapeau. L’humour est de guise. Nous faisons quelques signes en contrebas à nos marcheurs qui nous reconnaissent également. Brrr ! Le vent est terrible, et on se refroidit rapidement. On aperçoit d’ailleurs au loin, au sommet du Sancy et sur la chaine du Plomb du Cantal encore beaucoup de névés. Nous allons donc nous régaler ces prochains jours !
Nous décidons de poursuivre le chemin du retour en empruntant la descente par « le  chemin des muletiers ». La pente est terrible, et nous la dévalons à vitesse grand V. Il faut rester très concentré et bien regarder où on met les pieds. L’exercice est finalement très compliqué, et ne me ravit pas énormément. Très vite, après avoir dévalé ce chemin en moins de 10 minutes, on retrouvera le parking ou nous y avons laissé ma voiture.
Ouf ! J’suis bien content d’en avoir terminé avec cette pente interminable. Les muscles de mes cuisses se sont un peu durcis, suite à cette sollicitation intense. Je risque de le payer demain matin, on verra bien, tant pis !
En reprenant notre chemin, nous croisons 2 coureurs courant côte à côte. Il s’agit du champion du monde de Trail  Français : Thomas LORBLANCHET …, qui se paye le luxe de se faire le sentier des muletiers en guise d’entrainement, il n’a pas une goutte de sueur, il semble frais comme un gardon. Gloups… !
Bon, quand à nous, il ne nous reste plus qu’à rejoindre notre gite par la forêt. Il faut être encore un peu concentré et bien regarder où poser les pieds pour éviter la chute ou se tordre les chevilles. En effet, le sentier est rempli de racines des résineux et gros cailloux.
 
Voilà, finalement l’exercice se boucle en plus de 1h30 avec seulement 12 km et + de 400 m de dénivelé…  Pas mal ! Dans l’entre fait, nos amis commencent à arriver au fur et à mesure. C’est Patrick qui arrive avec Carole, Michèle et Véronique. Chacun trouvera sa place au sein de notre modeste gite, mais très bien équipé : multitude de sanitaires, douches, et une grande salle de restauration avec tout le nécessaire pour se préparer à manger. Mais Rodolphe avait prévu un restaurant à 300 m, ce qui était bien aussi. D’ailleurs, c’est sur cette odeur bien alléchée qu’Antoine, Guy, Francette arrivèrent, juste pile poil à l’heure pour le casse-croute.
Quelle joie de tous nous retrouver autour de cette grande tablée et le plaisir de se faire servir. Le repas sera très copieux : Quiche « Auvergnate » avec salade, poulet rôti agrémenté d’un gratin de chou-fleur et pomme de terre. Pour finir, pas de fromage mais un dessert : Clafoutis du pays… le tout accompagné d’un rosé d’Auvergne (assez clair, sec et fruité, très bon) et un Saint-Pourçain, tip top. Un p’tit café ou tisane pour couronner le tout, et nous voici tous repus…
Ah ! Dans l’entre fait, voici deux autres retardataires, Brigitte et Alain. Ils se sont un peu égaré et nous reviennent d’une commune Auvergnate portant le nom de Laschamps, mais rattachée à la commune de Landogne. Gag ! Ils ont failli manger froid… Allez, chacun regagnera ses quartiers, sans oublier de récupérer les assiettes de nos petits copains qui arriveront un peu plus tard dans la nuit et pourront quand même se restaurer au gite.


 
Avant d’aller faire dormir nos yeux, quelques épicuriens se retrouveront autour de quelques bons breuvages, du type liquides houblonnés, et une boisson spiritueuse de 1952 à la mirabelle dont Richard en a le secret de fabrication, la grande classe… Rien de tel pour détendre l’atmosphère, et les muscles !   
 
Pascale, Richard et Anne-Marie, Isa et Le Puy de Dôme à 1415 m.
Là-bas, en contrebas, c’est Clermont-Ferrand, et ici, en face, la descente par le chemin des muletiers.
Au loin le Puy de Sancy… puis le Plomb du Cantal !
Notre premier casse-croûte… La montagne, ça creuse !
Finalement, les retardataires (Gil, Nathalie, Marc, Dominique & Griselda) arrivent vers 0h00,
mais nous sommes déjà tous dans les bras de Morphée.


 
" L’entrée dans la danse… "
Seconde journée : de Laschamps (967 m)  au Mont Dore (1050 m) via les lacs de Servières et Guéry
 
            Aujourd’hui, c’est grand bleu, il va faire un temps extraordinaire. Nous avons tous rendez-vous à 7h30 pour le petit déjeuner servit au même endroit que le repas d’hier soir. On se retrouve donc tous presque au complet autour de cette grande et immense tablée, il manque juste Sabrina et son époux Roger, Nelly et le fils d’Antoine, Julien, ils seront parmi nous ce soir au Mont Dore.
Chacun est confortablement assis autour de son bol de café, thé ou chocolat… Il ne manque pour ainsi dire rien. Les croissants ont eu un franc succès, et le pain est à volonté. Je n’oublie pas durant le petit déjeuner de me préparer un petit sandwich où j’y mets un peu de beurre. J’ai des petits saucissons secs dans ma besace, cela me fera bien l’affaire si j’ai un p’tit creux ce midi…  
 
 
            A 8h00, on se retrouve tous devant notre gite. Les véhicules ont tous récupérés leurs bagages respectifs. Les chauffeurs sont sur le point de prendre la route avec les marcheurs. Les véhicules feront un dépôt des marcheurs sur les communes de Saulzet-le Froid où Pessade et finiront la route au Mont Dore, lieu de notre prochaine nuit. Ensuite, c’est Murielle et Gil qui convoieront les ex-chauffeurs qui deviendront par la suite marcheurs. C’est tout un programme minutieusement calculé encore une fois. 
 
J’enclenche ma Garmin Forerunner 310 XT à 8h10 précisément. Yes, nous voici parti  pour cette première journée découverte, face à l’inconnu, que je me refuse d’ailleurs de trop anticiper pour éviter de stresser. A priori, une étape de liaison sans trop de difficultés, un peu plus de 40 km et du dénivelé +, env. 1100 m. Ce soir, nous serons au Mont Dore, enfin, si tout va bien.
Nous sommes rapidement en formation, Titi, Rodolphe, Alain et moi-même. Suit derrière nous, un autre groupe : Isabel, Dominique, Marc, Patrick et Antoine. Très vite, il faudra jeter un œil à la carte IGN, nous avons déjà manqué notre premier Puy. Et oui, il fallait tourner à gauche tout à l’heure… Même si le repérage des GR est bien fait, il faut rester vigilant et attentif, sinon, on s’égare vite fait bien fait. Alain, qui est équipé de la même montre GPS que moi, m’avait au préalable fournit les coordonnées géographiques de notre arrivée au Mont-Dore, c’est toujours plus rassurant en cas d’égarement, hum !
Qu’importe, notre petit groupe va bon train, d’ailleurs, au bout de la première heure, je commence à mettre légèrement les freins, car l’allure au kilomètre est parfois un peu rapide pour moi (plus de 11,5 km/h). On est encore assez groupé à ce moment de l’étape, il faut d’ailleurs souvent faire un léger pointage sur la carte pour s’assurer du bon cap. Puis, de sentier en sentier, et de côte en côte, les foulées de Rodolphe finiront par nous distancer pour ne plus jamais le revoir jusqu’à l’arrivée.


 
Le paysage est magnifique, avec un temps très clair et lumineux. Les fleurs jaunes des pissenlits ajoutent une couleur supplémentaire au décor, c’est remarquable, même les vaches sont d’accords.
Allez, adieu Puy de Dôme, en route vers les névés… changement de décor !
 
 
Au fur et à mesure du périple, les jambes s’alourdissent progressivement sans pour autant nous freiner.
Mais quand même, hier, l’ascension du Puy de Dôme nous a laissé quelques traces et p’tre encore plus pour Titi qui nous revient du marathon d’Annecy mi avril et du Trail L’Ardéchois début mai.
 
            Pendant ce temps, les marcheurs sont aussi en action sur les sentiers à destination du Mont-Dore depuis Saulzet-le-Froid ou Pessade. Ces petits villages semblent déjà bien isolés des grosses agglomérations. Nous dépassons quelques fermes et des vaches pour rejoindre aussi à notre tour ces petites communes qui semblent importantes sur la carte IGN. Nous nous attendons à retrouver la civilisation comme on dit, une effervescence active des villageois, mais c’est plutôt l’opposé. En effet, on y retrouve sa petite Mairie, une petite boite à lettre, sa petite chapelle et son clocher, le chat sur le rebord d’une fenêtre et un filet d’eau qui coule lentement de la montagne dans un petit réservoir. Il y a même dans le fond de l’eau des grosses carpes remplies d’herbes et de mousses sur leurs corps. Oui, ici, c’est la douceur et la pure tranquillité, comme si tout c’était arrêté il y a quelques années. C’est loin de là un reproche, juste que nous sommes un peu surpris et p’tre pas encore en phase avec ce rythme de vie. Nous avons aussi l’occasion de saluer quelques rares autochtones pas forcément surpris de nous voir. En effet, ici, c’est plutôt l’autoroute des randonneurs, mais p’tre moins des coureurs à pied.
On a déjà 3h de course, Titi est un peu fatigué, il marche plus qu’il ne court. Curieusement, j’ai les jambes à la fois lourdes mais drôlement généreuses dans l’effort et je me retrouve souvent en compagnie d’Alain à marquer le tempo. Pourvu qu’ça dure.


 
Nous finissons par rejoindre le lac de Servières. Le paysage m’est de plus en plus familier. En effet, avec Titi, nous nous remémorons le Trail du Sancy qui a lieu en janvier, et parfois sous la neige comme j’ai pu connaitre en 2009 d’ailleurs. La Banne d’Ordanche depuis le lac de Guéry et Puy Gros sont en visu, mais avec juste quelques Névés. En attendant, ils paraissent encore bien hauts et loin de nous, la route va être encore longue. Tiens, on aperçoit la voiture de Murielle, isolée et stationnée sur un parking à proximité du Lac. En effet, Murielle est sagement installée face au lac, en compagnie de Brigitte, mal en point aujourd’hui. Elles sont en possession de leur meilleur bouquin et tapent la cosette à l’abri du vent et sur une vue imprenable du lac.
 
Murielle et Brigitte autour du lac de Servières
 
L’eau est si limpide et clair, on y voit le fond au bord. Nous profitons pour échanger quelques paroles et « blagounettes » puis reprenons notre itinéraire comme sur vitaminé par ce bon moment de détente. Rodolphe est passé en coup de vent il y a déjà 45 minutes. Bref, cette petite pause nous a rechargé les batteries à tel point que nous nous égarerons légèrement du GR. Mais très vite, les filles, veillant au grain, nous font quelques signes pour corriger notre trajectoire, merci les filles… Dés lors, il va falloir se payer une très forte ascension, pendant un bon bout de temps. Heureusement, il y a pas mal de jonquilles dans les prés et des petites violettes, cela nous égaillent et nous  distraient un peu. Mais la grimpette est vraiment très forte et commence à peser dans les jambes pour nous tous. Un léger vent assez froid est omniprésent et nous apercevons bientôt notre tout premier tas de neige. Alain et moi nous empressons de confectionner quelques boules de neige et en faisons profiter Titi, histoire de détendre l’atmosphère. C’est aussi pour moi comme un baptême, je n’avais jamais touché de la neige à cette période de l’année et dans de telles circonstances, l’effet est euphorisant. Nous poursuivons le petit sentier de plus en plus exigu et où il fait de plus en plus froid. C’est à ce moment que Titi préférera continuer le périple en marchant. Nous sommes plus en clin à enchainer le col en courant. Finalement, nous nous séparerons naturellement, comme rassuré, car Titi pourtant dépourvu de carte, connait très bien la route et le cap à suivre. Ca grimpe vraiment fort, le vent est violent et la neige est de plus en plus présente. Il faut rester vigilant, car sur notre droite, c’est un peu le précipice, grrrrrr….
Ici en haut, à proche de 1500 m d’altitude, il y a un vent terrible et glacial. Qu’importe, nous ne relâchons rien, il nous tarde de retrouver l’itinéraire qui nous dirige vers le lac de Guéry plein sud et à l’abri du vent. Une fois le contour réalisé entre le Puy de l’Aiguiller et le Puy de l’Ouire, nous retrouvons la sérénité. Pour moi, le plus dure de la journée est fait, il doit nous rester une bonne dizaine de kilomètres, mais principalement en descente. Quel paysage extraordinaire, un écrin de verdure remplit de soleil responsable aussi de ce bien être, c’est d’la balle. Je me dis que j’ai beaucoup de chance d’être là.


 
Rapidement, nous arrivons au Lac de Guéry. Je me revois il y a plus d’un an et demi, au ravitaillement des 10 km, où on pouvait choisir de s’orienter sur le parcours des 20 ou 30 km mais avec un bémol et pas des moindres, il y avait un manteau neigeux important. Aujourd’hui, c’est grand bleu et dénudé de neige, la végétation est en pleine effervescence et a repris le dessus. Au lieu de longer légèrement le lac, j’invite Alain à suivre le GR30 par la route. C’est ballot, les marcheurs et marcheuses étaient justement paisiblement installés au bord du lac pour le déjeuner. Une fois le contour du Lac, nous décidons de faire un break et casser une p’tite croûte face au soleil et à l’abri du vent avec une vue imprenable sur le Puy de Sancy, qui sera notre petit déjeuner demain matin pour la  prochaine étape…
Dans l’entre fait, Titi nous rejoint et décide de poursuivre sa marche, il n’a pas d’appétit.
Allez ! C’est reparti pour le finish, il nous faut rallier le Mont-Dore. Nous empruntons le circuit du Trail du Sancy à l’identique mais cette fois-ci en sens inverse. La descente n’en finit plus et je comprends aisément les difficultés que j’avais rencontrées à l’époque. Une multitude d’ornières à n’en plus finir, et toujours une longue et incessante montée dans la neige. Mais c’était mon premier Trail blanc, et tout le monde n’a pas forcément eu cette chance là, oui je vous assure.
 
 
En attendant, aujourd’hui, la descente commence à m’user et mes jambes me font mal. L’euphorie de ce matin  s’estompe peu à peu et il me tarde de retrouver notre gite. La chaleur devient pesante et nous arrivons finalement vers 13h45 au Mont-Dore.
La ville est comme endormie et il faut remonter toute la commune du Nord vers le Sud. Nous savons juste que le gite est situé à proximité de la salle omnisport et du terrain de camping. Notre GPS nous indique bien le cap à suivre, mais les centaines de mètres à faire sont interminables. Alain m’est d’un soutien moral important et ralentit régulièrement dès que je décroche. Finalement, nous nous égarons légèrement du gite et finissons quand même par trouver l’arrivée. Il est 14h15, j’arrête machinalement ma montre. J’ai 41 km au compteur avec 1 100 m de D+. Rodolphe est déjà là depuis une bonne heure. Excellente nouvelle, il a pris le temps de nous réserver une séance de Sauna et Jacuzzi vers 17h, au sein même de notre coquet hébergement. Murielle, Brigitte, Titi & Gil arrivent à leur tour, et nous profitons de leur présence pour convoyer l’ensemble des véhicules qui étaient stationnés à moins d’un kilomètre d’ici. Nous essayons de sortir une partie des bagages dans l’enceinte de notre hébergement, puis délivrance, je m’empresse de prendre une bonne douche bien chaude et m’allonge rapidement sur mon lit. Mes paupières ne tarderont pas à se fermer comme un repos bien mérité, comme on dit dans le jargon, j’ suis un peu carbo…


 
            Ce fut donc une seconde journée riche en découverte par cette multitude de beaux paysages, nature verdoyante, neige, montagne, des Puy (ancien volcans),  lacs… Les p’tits copains arrivent tous au fil de l’eau, enchantés et heureux de leur superbe journée et ravis aussi de s’installer dans ce joli et confortable hébergement. Les grandes chambres sont pourtant au deuxième étage sans ascenseur, mais rapidement, chacun a gardé suffisamment d’énergie pour plaisanter. On peut dire que le stress et l’excitation de notre périple s’est atténué et transformé en bonne journée décontractante. Notre tribu est maintenant toute à l’unisson et l’ambiance bat son plein. Après les séances de Sauna et Jacuzzi, la découverte du centre ville du Mont Dore, ses terrasses et ses commerces de fromages et charcuterie locales, il est déjà l’heure de se mettre à table. Notre repas est servi à 19h30 avec un apéro pétillant à base de crème de marron où cerise. Plus sérieusement, nous enchainons avec un bon potage puis paupiette de saumon accompagné de riz, fromage et dessert.
 
 

 
Nous poursuivons notre « after » histoire d’anticiper et communiquer quelques consignes pour la journée de demain et revisiter ce que nous venons de vivre devant le verre de l’amitié.
 
Bonne nuit et à demain pour la suite de l’aventure…
 
 


 
" La délicate… " :
Troisième journée : du Mont Dore à Parrot (1270 m) sur les massifs du Cézallier – Cantal
via le Puy de Sancy 1885m et le lac de Pavin
 
            J’ai encore fait une excellente nuit, mais j’ai toujours mal aux jambes, même si Rodolphe m’avait fait faire une séance de récupération avec l’appareil du club : un électro stimulateur de marque Compex… Bref, je me rassure en me disant que cela doit être comme le bon vin, cela doit s’améliorer avec le temps. Et puis aujourd’hui, je suis motivé pour faire l’ascension sur le toit de l’auvergne en haut du Puy de Sancy à 1885 m avec Rodolphe et Alain. Après, descente vers la station de ski de Super-Besse pour rejoindre le lac de Pavin, un des plus jolis de la région. Ensuite, il faudra rallier notre gite à Parrot situé sur les plateaux du Cézallier dans le Cantal. Une des étapes les plus difficiles de notre séjour, proche de 50 km avec un fort dénivelé… L’autre équipe de coureur (Titi, Marc & Dominique, Julien et Antoine, Patrick, Roger, Guy et Isabel) zappera le Sancy et partira directement de Super-Besse, les marcheurs depuis le lac de Pavin.
 
            Cette première matinée est pour ma part un peu stressante avant le petit déjeuner. En effet, je ne retrouve plus l’embout de ma poche à eau qui me permet de boire. Mais très vite, les copains me viennent en aide et me prêtent ce petit objet manquant (merci Marie-Claire). Voilà, je prends le petit déjeuner rassuré et plus détendu. Nous quittons le Mont-Dore à 8h08, Rodolphe et Alain sont d’une patience remarquable vis-à-vis de ma lenteur matinale.
Allez ! J’enclenche mon GPS, Patrick et Marc nous lance quelques mots d’encouragement, je vais pour ma part en avoir bien besoin. Clopin, clopan, je prends la route en « courotant » histoire de chauffer la bête.
Aujourd’hui, contrairement à hier, j’ai chaussé mes Trails à la place de mes running. Le terrain va être plus accidenté je pense. L’échauffement sera rapide, car de suite nous rentrons dans le vif du sujet par une ascension terrible dès la sortie de la ville, juste après le Casino.
Ouf ! Le cardio commence déjà à monter dans les tours, même en marchant, ça tire dans les jambes. Rodolphe et Alain prennent rapidement quelques longueurs d’avance, qu’importe, il faut monter à son rythme et gérer au mieux ses efforts. Nous laisserons sur notre gauche l’arrivée d’un funiculaire en inactivité à cette saison et un site où on fait de l’accro-branche. Puis nous enchainons encore et toujours les grimpettes. Maintenant, nous arrivons à un gite de montagne une sorte de burons que nous laissons sur notre gauche. Il y a à proximité, le col des Capucins (1468 m), un lieu réputé pour l’escalade. A partir de ce moment, on entre dans le vif du sujet pour rejoindre le Sancy par un sentier qui longe une sorte de crête. J’enfile mon coupe vent, les gants et un bonnet. Il fait vraiment très froid. Nous devons régulièrement franchir des passages très enneigés, mais heureusement, la neige n’est pas trop glacée, on peut y faire nos traces et y prendre quelques appuis. Nous alternons marche et course à pied dès que nous en avons la possibilité, cela nous réchauffe.
Eureka ! Rodolphe nous fait signe, il y a des mouflons (espèce importé de Corse) en contrebas de la montagne, nous sommes très proche d’eux.  L’instant est magique, comme s’ils étaient venus pour nous accueillir. Clic clac kodak, mais visiblement, ils se méfient des paparazzis comme nous!
Nous reprendrons par la suite l’ascension pour en finir en plus de 1h30 pour 8,5 km et presque 900 m de D+. Il fait un froid de canard tout là haut (+ 2°C), et il y a un vent à décorner les bœufs…
Des élèves en géologie sont déjà là à étudier l’environnement, ils sont visiblement en manque d’inspiration, est-ce le froid ? Pour ma part, je suis ravis et heureux d’être sur le toit de l’Auvergne et défie avec bonheur le Plomb du Cantal qui est encore un peu loin, mais que nous rejoindrons lundi prochain, Isn’t it !


Si l’ascension n’était pas évidente, il faut maintenant se taper la descente et là, pas facile non plus. Le vent nous déstabilise facilement et les appuis sont très incertains tellement le terrain est accidenté.

Arrrgh ! Il faut vraiment être vigilant, ce n’est pas le moment de se blesser. A contre sens, un épicurien du ski de rando se fait l’ascension du Puy sur les quelques névés qui trainent, chapeau bas m’sieur...

On enfourne régulièrement dans la neige, je ne regrette pas mes bonnes chaussures de Trail (Asics - Trabuco). Voilà, on arrive finalement par rejoindre les pistes de la station de Super-Besse. Cela fait bizarre de voir les remonte-pentes et les téléskis en inactivités, dépourvus de monde et de neige. En contrebas, il y a la station de ski bien calme aussi. J’ai un second souffle et retrouve le plaisir de la descente dans des conditions nettement plus facile. Je profite de cet instant pour faire partager ma descente en direct par téléphone à ma tante et mon oncle (Martine & Alain) qui sont en vacances dans le Mercantour. Ils ont la patience de m’écouter, j’ai plein de chose à leur faire partager tellement l’instant est magique et la liaison n’est certainement pas terrible. Ensuite, c’est la famille Leleu (Anne et Philippe : collègues - amis) qui me donne de leurs nouvelles par SMS. Ils se dirigent vers Chanac (Lozère) en voiture pour participer à un Trail, demain dimanche, de 45km et + de 2300 m de dénivelé (un beau et dure challenge). Je ne résiste pas de les appeler et nous échangeons quelques bonnes paroles d’encouragement réciproques. Alain et Rodolphe sont légèrement devant mais sont à ma portée. Ces quelques échanges téléphoniques m’ont redonnés de l’énergie. Je retrouve mes copains qui consultent la carte IGN. Une petite hésitation sur le cap et la direction à suivre nous contraint une fois de plus à valider la bonne route à suivre. Oui, c’est bon, nous finissons par retrouver les marques qui identifient les GR : barres horizontale Rouge et Blanche. Nous nous orientons vers le Lac de Pavin, un écrin de beauté, il parait. Il s’agit du lac le plus profond d’Auvergne. Il se trouve au fond d’un ancien cratère, et sa profondeur est de 92 m. Nous allons découvrir cela dans une petite heure maintenant. J’appelle mon pote Lolo pour lui faire partager à lui aussi mes impressions et lui communiquer quelques nouvelles de notre périple. Cet échange me distrait un peu et cela fait du bien de parler un peu d’autres choses. La journée va quand même être difficile, j’ai toujours mes jambes lourdes et elles me font mal, mais cessons de s’apitoyer. 
 
Lac de Pavin (750 m de diamètre et 92 m de profondeur, situé à 1197 m d’altitude…)
 
Nous sommes en approche du lac, nous le contournons dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et finissons par y descendre pour retrouver Murielle. Nous nous étions donnés rendez-vous vers 12h00 pour manger un bout ensemble. Quel beau spectacle, ce lac est une pure merveille. On l’appelle un « maar », car il s’est formé dans le cratère d’un ancien volcan. Je prends plaisir à contempler ce magnifique paysage et oublie un peu ma fatigue. Allez, pour se donner un peu de courage, Rodolphe et moi-même décidons d’avaler une pression, il fait vraiment très chaud. Le choix est certes loin d’être stratégique, mais qu’importe, nous nous contentons de satisfaire nos petits plaisirs. La reprise est d’autant plus dure qu’il faut à nouveau se faire la montée pour sortir du maar. Une fois sortie du lac, Rodolphe enchaine en solitaire le périple. Alain décide de rester avec moi pour m’accompagner et faire la route ensemble. Il est en meilleur forme aujourd’hui. Sa présence m’honneur, je me dis que je ne peux pas le décevoir. Nous poursuivons ainsi notre route, et Alain s’assure régulièrement si je tiens le coup. Notre moyenne chute rapidement, mais surement. Puis, quelques symptômes dont je suis familier (les crampes) commencent à faire leurs apparitions.
 
 
Aie, aie, aie! Dès que j’ai besoin de faire un effort sur les bosses, mes muscles me rappellent à l’ordre.
Nous arrivons tout de même à rejoindre un petit village Compains. Nous avons le plaisir d’entendre quelques cloches de vaches, cela nous avait manqué jusqu’à présent. Il y a pas mal de Salers dans les pâturages. Bon, à Compains, à la sortie du village, il faut se taper une côte de chez côte, elle n’en finit pas et en plus, le chemin n’est pas très carrossable. Là, j’avance à petit pas, j’suis en train de me terminer et user toutes mes cartouches. Je sors du calvaire dans un état pitoyable et essaye tant bien que mal à rejoindre Alain qui m’attend. A ce moment, nous regagnons une sorte de plateau à perte de vu en direction de Brion. Je suis résigné et le conjure de poursuivre seul le chemin, je vais m’arranger pour rallier le prochain lieu dit et attendre la voiture balais. Ainsi, va se terminer aujourd’hui mon étape au kilomètre 37 avec + 1600 m de D+. Mon choix n’est certes pas très héroïque, mais je préfère garder quelques forces pour les jours à venir. Je vais passer un bon quart d’heure à échanger avec Pascale qui s’empresse de me trouver une solution pour que l’on vienne me récupérer. Comme on dit, c’est simple comme un coup de fil… Nathalie appelle Gil, puis Murielle croise Pascale, et pour finir, c’est Murielle qui finit par me récupérer à Brion, commune de la  Motte. Je resterai à peine 5 minutes, adossé le long d’un mur de pierre. J’ai enfilé mon coupe vent, je commence déjà à me refroidir. Puis, c’est de suite la délivrance, mon chauffeur arrive. Je m’empresse de m’installer au chaud et d’essayer de guider au mieux  Murielle pour rejoindre Parrot, et croyez-moi, ce n’est pas simple. Ici, on a l’impression d’être coupé du monde, les autochtones sont très rares. Les plateaux du Cézallier sont d’une grande immensité dénué de panneaux, on imagine très bien l’hiver, le paradis des fondeurs. Bref, nous finissons par trouver le gite, il est très grand. Titi est là, il comprend de suite que je viens de prendre un coup de chaud. Gentiment, comme vous le connaissez, il me remet un short, tee-shirt, son savon/shampoing et une serviette de toilette car les voitures, avec les sacs, ne sont pas encore arrivées. Je file à la douche. 


 
Ouf ! C’est du grand bonheur. Entre temps, l’équipe de coureurs : Isa, Dominique, Brigitte, Marc, Guy, Antoine, Julien, Roger et Patrick arrivent. Je les retrouve à la cafétéria devant un bol de chocolat, thé, café. Pas la peine de se justifier, ils comprennent ma détresse mais nous sommes contents de nous retrouver. Marc me prête son blouson pour me tenir au chaud, j’avale un chocolat chaud et remonte de suite m’allonger dans ma chambre.  
Par la suite, beaucoup de monde viendra me rendre visite comme un grand convalescent, c’est hyper sympa. Je vais nettement mieux, c’est rassurant. Je décide alors d’utiliser l’électro stimulateur et me faire une séance de récupération pour décongestionner les muscles de mes cuisses. Je deviens vite l’animation du couloir, toutes les marcheuses viennent me voir souffrir durant la séance. Visiblement, mes souffrances les font beaucoup rire?
Je finis par avoir une réelle crise de crampe, mes muscles se tétanisent. Isabel me vient en aide pour calmer ces contractures devant les yeux ébahis et désemparés des filles. Attention ! Toutes allusions ne seraient que pure fiction et imagination de votre part… En attendant, cet appareil est certainement très efficace mais reste du matériel de professionnel et à défaut d’un bon kiné, il est fortement conseillé de lire attentivement la notice pour un bon usage. Qu’on se le dise !
Décidément,  aujourd’hui, ce n’est pas mon jour. Un sérieux repos au calme m’est indispensable.
Un peu plutard, j’entends, depuis ma chambre, l’arrivée progressive de chaque coureur et les applaudissements à n’en plus finir. C’est la rançon et le témoignage des efforts consentis durant cette longue et difficile journée et surtout de cette grande solidarité collective. Il y a une belle haie d’honneur pour Alain et Rodolphe qui finissent ensemble le périple avec 47 km au compteur pour Alain et un peu plus pour Rodolphe qui a fait un détour et cumulé en 7h14’ un D+ de 2145 m. Il m’aura ainsi manqué 10 km et quelques bosses… hum ! J’entends aussi beaucoup d’applaudissements pour Pascale qui finit en courant son périple pour le Fun.  Bravo, et félicitations à tous!
 
 au fond, le Puy de Sancy…

Pascale au sprint, Nelly & Francette en approche !
 
Sabrina & Nathalie, les marcheurs dans la nature…  heureux !
 
C’est ainsi que l’ensemble des marcheuses, marcheurs, coureuses et coureurs prennent leurs quartiers, se reposent et filent à la douche, une des récompenses de la journée. Ensuite, c’est déjà l’heure pour l’apéro. Les échanges de moments forts et insolites de la journée vont bon train, et l’ambiance bat son plein comme à l’accoutumé. Nous profiterons pour faire un banc d’honneur pour Rodolphe, notre organisateur de ce magnifique séjour, et une attention particulière pour Murielle & Gil nos chauffeurs toujours à nos petits soins. Puis, sur ces bonnes paroles, nous passons à table pour un bon navarin d’agneau, et ses choux de Bruxelles. Ce sera une fois de plus un diner conviviale, mais p’tre pas le meilleur jusqu’ici.
 
            Ah ! Vous l’aurez devinez, on enchaine par notre « after ». Il reste un fond de mirabelle de Richard, mais Antoine a sorti aussi son breuvage de derrières les fagots : un autre spiritueux à base de mare de vin… Différent, mais pas mal, pas mal ! On se demande encore s’il n’y avait pas d’la pomme et on a beau dire, « y'a pas seulement que de la pomme, y'a autre chose, ce serait pas des fois de la betterave ? Hein ?… Gloups !
 
Euh ! Bonne nuit tout le monde… , oups,  et faites, oups,  de beaux rêves, j’ai plus ma tête…
Demain,  il f’ra jour pour relier, euh ! rallier le Claux, proche du Puy Mary et le Plomb du Cantal.


" La savoureuse "
Quatrième journée : de Parrot pour Le Claux (1050 m) - Cantal
via Landeyrat et le Puy de Niermont (1620 m)
 
            Aujourd’hui encore, c’est grand bleu. Nous avons vraiment la météo avec nous. Beaucoup partent depuis le gite de Parrot. Il y a les équipes de coureurs à pied qui ont l’objectif de rallier Le Claux. Rodolphe et Alain partent en binôme, Titi en solitaire décidé à faire le parcours en marche nordique et de temps en temps en course à pied selon la forme. Brigitte, Dominique, Marc, Antoine et Jérôme formeront une autre équipe. Ils auront tous au menu, environ 50 km à dévorer tout cru... Gloups ! Même pas peur ! Les marcheuses, marcheurs, quant à eux (elles), doivent atteindre la petite gare de Landeyrat, une étape d’une vingtaine de kilomètre en principe. Pour ma part, je poursuivrai le périple en équipe avec Isa, Patrick, Guy et Roger pour environ 35 km, quand même !
 
            Nous partons ce matin à une bonne dizaine de kilomètre à vol d’oiseau de Parrot, depuis l’ancienne petite gare de Landeyrat, où la voie de chemin de fer a été réaffectée au vélo rail. Nous y laissons nos voitures pour l’arrivée des  marcheurs. Dès 9h00 du matin, il y a déjà beaucoup de férus prêts pour l’embarquement. Que nenni, nous, nous avons choisi la découverte de ce beau pays via une autre formule, la course à pied. Alors, nous quittons le parking de cette petite gare en « courotant » et les gens nous regardent comme des extra-terrestres et réciproquement d’ailleurs. J’ai les jambes rigides comme du bois, mais une fois l’échauffement réalisé, j’acquiesce l’effort à fournir. De toutes-façons, nous allons prendre notre temps. Les 8 premiers kilomètres se font en empruntant une petite route longeant de temps en temps la voie de chemin de fer jusqu’à Saint Saturnin où nous regagnons le GR4. A son arrivée, nous surplombons un magnifique pont de pierre en arcade, c’est l’euphorie tellement le paysage est agréable et beau.
 
 
Autour de la petite place du village, il y a une petite fontaine, on en profite pour s’arroser la nuque et le visage, c’est vivifiant. Oups ! Nous retrouvons les sigles du GR marqués sur le mur d’une belle bâtisse. Allez ! On prend plaisir à nouveau à poursuivre notre chemin sur ces petits sentiers. Visiblement, il y a bien longtemps que personne n’est passé par ici, les orties et ronces ont repris le dessus, il faut par moment faire de grandes enjambées, mais cela reste les joies de ce genre de circuits pédestres. A la sortie du village nous saluerons un couple de retraité, bêchant dans leur joli petit jardin.


 
-« Bonjour Messieurs Dame… ».
-« Eh ! Bonjour », nous répondent-ils bien chaleureusement.
-« D’où venez-vous comme ça ? », nous demandent t-ils. 
Illico presto, fiers comme tout, nous leur indiquons que nous arrivons de la petite gare de Landeyrat et que nous avons dormi à Parrot. Ce soir, nous serons au Claux.
Avec beaucoup d’humour, le monsieur nous rétorque :
-« Ah ! Je croyais que vous arriviez de la Concorde. Bon, eh bien, bonne journée et bon courage m’sieurs dame… ! ».
Ouah ! Le message fut clair et non moins ironique. Bref, après cet interlude fort sympa, nous reprenons notre chemin, enfin, presque. En effet, nous devons laisser passer quelques vaches qui visiblement changent de pré en empruntant légèrement le GR. On peut dire que nous sommes loin de ces villes industrielles, ici, priorité à la nature, et c’est toute la richesse de ce pays qu’il ne faut absolument pas perdre. Finalement, les vaches vont nous ouvrir le sentier toujours englué par la végétation. Le paysan nous salue bien en s’assurant de nous laisser passer en toute sécurité et nous indique notre route à suivre. Voilà, le GR est désormais accessible, nous reprenons la course à pied. Un peu plus loin, ce sera la pause nougat pour Roger. Sabrina, son épouse, se plaint régulièrement qu’il ne mage rien, alors…
 
 
Le relief a considérablement changé. En effet, on se retrouve maintenant sur une sorte d’immense plateau dénué d’arbres avec en point de mire, le Plomb du Cantal englué de neige. Il n’y a donc pas d’erreur d’itinéraire possible, il faut aller presque tout droit. Le soleil est bien présent et commence à avoir quelques effets négatif pour certains d’entre nous.
Qu’il est loin le Sancy maintenant, … à l’assaut pour le Plomb du Cantal !
Pour ma part, je me sens hyper bien. Je me prends à suivre ce chemin légèrement vallonné comme un garenne suivrait sa route. J’ai mis les écouteurs de mon MP3 dans les oreilles, et j’avale comme si de rien n’était les kilomètres. C’est un moment magique, mes jambes ont cessé de me faire souffrir. Entre temps, je reçois un SMS de Corinne, une copine qui aurait du faire partie du périple. Elle a du annuler son départ suite à un petit problème, qui fort heureusement s’est arrangé. Je lui résume brièvement le déroulement de notre séjour. Puis c’est mon ami Jean qui me fait part également de ses encouragements. Je décide d’appeler Anne Leleu qui est en plein effort sur le Trail de Chanac. Aujourd’hui, Anne a la voix très essoufflée et saccadée. Elle a très chaud, et ne cesse de grimper. Je l’encourage comme je peux et lui promet que ce n’est que du bonheur… (Il n’y a que les fadas de course à pied pour comprendre ce genre de message). Motivé par ces échanges téléphoniques, j’appelle Maman pour lui donner aussi quelques nouvelles en direct. 
Je me retourne, et aperçois mes amis un peu plus loin derrière moi. Je patiente quelques minutes avant leur retour et profite pour observer le vol incessant des rapaces à la recherche d’un mulot ou autres  petites bêtes rampantes. Nous allons maintenant traverser une zone plus ou moins marécageuse, on ne pourra éviter les pattes chaudes comme on dit (les pieds dedans). On vient de laisser derrière nous le buron de Chichourlounes. Il faut franchir une barrière métallique, puis, tout droit. C’est tellement tout droit que nous finissons par nous égarer un peu du GR4. Comme il est midi, nous décidons de nous installer autour d’une joli petite pièce d’eau naturelle pour casser la croute. Une fois de plus, c’est un excellent moment de détente. Guy fait trempette à ses petits petons. Patrick nous fait déguster ses fruits exotiques, et son gingembre. Isa sort de sa besace un bon morceau de saucisson et fromage du pays, et tout le monde sera content.
 
 
Entre temps, j’appelle Pascale qui est en compagnie de Véro. Elle me signale que le groupe des marcheurs et certains coureurs se sont égarés rapidement après Parrot. Grâce au talkie-walkie, elle a pu remettre Nelly et Francette sur le bon chemin… En attendant, elles viennent d’assister à la transhumance des salers ralliant le buron de Paillaissère sur les monts du Cézallier, un bon spectacle ! 
Après cet interlude, il faut reprendre notre chemin. On se doit de passer par le Puy de Niermont, il est en définitif sur notre droite à plus de 1620 m et on ne retrouve pas le GR.
Grrrr… Allez ! De gauche à droite, de zig en zag, il faut se faire violence, je motive tout le monde et nous nous lançons de front à l’assaut de cette montagne qu’est le Puy de Niermont. Guy pestera, épuisé par cette ascension terrible de plus 200 m, mais il faut absolument rallier le point culminant. J’ai confiance car j’aperçois tout là-haut des gens.
YES ! Ca y est, on l’a eut ce puy, un de plus d’ailleurs. La vue y est imprenable. Les gens qui étaient déjà là depuis quelques temps connaissent bien les lieux. Ils nous indiquent et nous montrent le toit de notre gite tout en contre bas, au Claux. Clic clac kodak, nous immortalisons notre présence par la photo de groupe. Nous sommes si heureux d’y être parvenu.


 
Puy de Niermont à 1620 m
Maintenant, il n’y a plus qu’à dévaler la montagne. Il doit y avoir à peine plus de 5 km à faire encore, et tout en descente. Isa et moi dévalons la montagne comme des cabris, Roger nous suit d’un peu plus loin. Patrick et Guy commencent à se plaindre. Les kilomètres deviennent pesants et la descente les indispose due aux douleurs musculaires. Qu’importe l’allure, nous nous attendons régulièrement dès qu’un passage ou une intersection se présente. Je finis l’étape aujourd’hui en enchainant les 2 derniers km en compagnie d’Isabel à 12 km/h. C’est un pur régale ce qui témoigne d’un bon état de fraicheur, tip top, on jubile. Dans la descente, à 2 pas du gite, en attendant les petits copains, c’est Alain qui arrive lui aussi à fond les manettes. Il vient de faire 47 km, heureux, mais il n’a plus d’eau… Titi est lui aussi sur le chemin de l’arrivée. Quant à Rodolphe, à priori, il s’est un peu égaré aujourd’hui… Je profite de cet instant pour appeler mon neveu Pierre, et lui fêter ses 19 printemps et Roger arrive à son tour.
Voilà, Guy et Patrick en approchent, ils sont sur les rotules mais heureux d’en finir. Nous regagnons le gite où Murielle nous accueille. Elle vient juste récupérer les clés de notre hébergement.
Ici aussi, c’est bien calme, mais elle nous indique où se trouve le p’tit bistrot du coin qui sera aussi le restaurant de ce soir. Ni une, ni deux, dans l’euphorie, nous repartons en courant et finissons autour d’une bonne petite table en terrasse pour savoureuse une bonne bière, c’est un pur régale.
            De retour au gite pour se faire une beauté et administrer quelques soins à ceux qui ont récoltés quelques ampoules, on se retrouve rapidement pour l’apéro. Ensuite, direction le restaurant pour notre dernier diner du séjour. Ce soir, nous mangerons une spécialité de la région, la truffade… une sorte d’omelette de pomme de terre avec du cantal (ratio : 1 kg de patates pour 500 gr de cantal, oignons, crème fraiche…), un bon régal,  le tout accompagné d’un bon morceau viande de salers. Bouh ! Nous sommes encore fois bien repus, …
Ah ! Cette fois-ci, pour changer, ce soir, il y a la truc…, il y a l’…, enfin, vous savez quoi :
L’AFTER évidemment ! Murielle et Gil se sont chargés de faire quelques emplettes gastro-liquides.
Difficile de tout finir d’ailleurs, tellement l’after était généreux.


 
" In fine, la « Faim de fin »… "
Cinquième journée: Le Claux pour rejoindre Super-Lioran et le Plomb du Cantal 1855 m
via le Puy-Mary depuis le Pas de Peyrol (1588 m)
 
            En ce lundi de Pentecôte, c’est la der des ders. C’est triste, mais pour se consoler, il y a encore un trip à se faire et c’est tant mieux. Rodolphe, Alain, Dominique et Marc ont choisi de rallier Super-Lioran et éventuellement le Plomb du Cantal, second point culminant de l’auvergne (1855 m) en partant du Claux.
Pour le reste du groupe, les marcheurs doivent se faire l’ascension du Puy-Mary (1783 m) depuis le Pas de Peyrol (1588 M), puis l’ascension du Plomb du Cantal pour les plus courageux depuis Super-Lioran.
 
            Il fait encore un temps du tonnerre, le ciel est toujours bleu sans nuage. Nous autres, nous avons décidé de suivre les marcheurs, puis, nous enchainerons par un sentier, la « Brèche de Rolland » et contournerons le Puy Griou pour arriver à la station de ski : Super-Lioran. Ensuite, on jugera de nos états pour gravir le Plomb du Cantal. Nous, aujourd’hui, c’est Isabel et Carole qui a fait le choix de s’essayer à l’alternance entre marche et course à pied. Bravo Carole ! Il y a aussi Guy, Patrick, Titi & Roger.  
Super, cette fois-ci, je pars pour la première du séjour avec Pascale. L’ascension vers Puy-Mary se fait via un chemin bitumé et ça grimpe très fort. Mais, en définitive, nous sommes contraints de rebrousser chemin très rapidement. Un arrêté préfectoral nous informe certains éboulis sur ce chemin et il est interdit de l’emprunter.


 
Dommage, alors, nous décidons d’abandonner les marcheurs et esquivons la « Brèche de Rolland » en la suivant mais d’un peu plus bas. Le passage est délicat et très accidenté. Le passage se fait en azimut. Il faut marcher régulièrement sur des névés. La plupart sont en devers. Pour votre information, Isabel a le vertige et Carole fait de l’asthme. Elles vont vraiment passer une mauvaise première heure durant laquelle elles vont lutter contre l’appréhension du vide pour Isa et le manque d’air du à l’altitude pour Carole. On va se faire une moyenne de 2 km/h mais qu’importe, nous aurons tous la satisfaction de rejoindre là-haut le GR situé à 1632 m.
 
Dans le désordre, Carole, Isabel, Roger et Laurent
Allez ! Nous rassurons nos héroïnes, elles ont été d’un courage exemplaire qui témoigne bien de leur motivation. En effet, le passage était très délicat voir assez dangereux et pas forcement très joli vis-à-vis du point de vu qui s’ouvre à nous maintenant. Nous poursuivons le sentier en course à pied.  Nous finirons par rejoindre le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. A cet instant, Guy, Titi et Patrick décident de tirer au droit et rejoindre rapidement Super-Lioran. Avec les filles et Roger, nous, nous décidons de suivre ce magnifique chemin assez roulant pour contourner Puy Griou (1690 m) qui est un gros rocher remplit de caillasses. L’endroit est vraiment splendide, une sorte d’immense cirque. Nombreux sont les marcheurs et randonneurs à cet endroit. Par contre, nous faisons partie des rares à courir. Nous contournons Griou, la descente est assez technique, mais encore une fois, Isa et moi dévalons avec plaisir la pente.

 
Carole se surprend également en descente à courir. Le héros aujourd’hui, c’est bien Roger. Il traine deux énormes ampoules depuis 3 jours, ce n’est pas évident sur ce genre de secteurs.
 
Le Puy Griou, et à la recherche de Super-Lioran…
Bon, nous finissons le contour, et à force de contourner, on finit aussi par s’égarer et perdre le GR. Il est proche, mais nous n’avons pas suffisamment descendu et il faut absolument se faire une pente vertigineuse. Il nous faut dévaler au moins 300 m sans appuis possible. Cette fois, Isa va nous maudire, mais non, finalement, ce ne sera qu’un mauvais moment à passer et comme le rappelle Isabel, selon la phrase fétiche d’Antoine : Si pas d’embrouille, pas de souvenir, donc, il n’y a rien à raconter, alors…
 
Nous finirons par en avoir raison de cette interminable descente, et, cerise sur le gâteau, l’arrivée à Super-Lioran est imminente. Pascale me téléphone dans l’entre fait. Je lui précise notre localisation et elle m’indique où elle et les autres sont installés. Une belle terrasse au soleil face au Plomb du Cantal. Ni une, ni deux, nous reformons notre petit groupe et arrivons la fleur au fusil, sur les pistes de ski en les dévalant sous un tonnerre d’applaudissement, l’effet est saisissant…
 
Guy, Pascale & Carole
Jérôme, Patrick, Dominique & Marc, Pascale, Carole, moi et Isa… ça s’arrose !
YESSSSSSSSSSSSS, nous voici arrivé à bon port après plus 16 km dont 600 m de D+ et surtout 1000 m de D-. Nous cesserons à cet instant notre chevauchée fantastique et nous nous installerons goulument pour savourer une bonne bière tous ensemble et devant un bon steak frites… Voili, voilou, c’est ainsi que se termine notre Transauvergne, une balade de + de 150 km en course à pied et + de 100 pour les marcheurs. Un périple que nous ne sommes pas prêt d’oublier et qui en motivera plus d’une et plus d’un pour se réessayer une très prochaine fois, sur un autre parcours. Rodolphe, on est prêt !!!.